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Faut-il adapter la ville à l’explosion de la micro-mobilité ?

Overboard, skateboard, trottinettes, gyropodes, la micro-mobilité a explosé ces dernières années avec des ventes record pour ces nouveaux engins de déplacement personnel. Face aux à l’augmentation du coût des déplacements, ces mobilités alternatives ne cessent de se diversifier. Une nouvelle pratique qui soulève la question de l’intégration de la micro-mobilité à notre écosystème urbain.

Dans un contexte où la voiture n’est clairement plus la bienvenue, ces nouvelles mobilités offrent des options très intéressante pour les déplacements de courte distance. Elles séduisent également par leur capacité à rendre la mobilité plus ludique, soit une manière d’appréhender le déplacement de personnes de façon conviviale et agréable. Des nouveaux modes de déplacement propres, pratiques et économiques qui répondent aussi aux préoccupations actuelles liées au développement durable. Enfin, à travers le déploiement de solutions de micro-mobilité en libre service, c’est également un choix supplémentaire de transport qui est offert à une part importante de la population.

Le service de trottinettes en libre service "Lime" - Ici à Mexico

Le service de trottinettes en libre service « Lime » – Ici à Mexico

Pourtant, il est assez aisé de constater que peu d’espaces publics sont finalement assez sûrs pour se déplacer, en toute sécurité, à l’aide de ces nouveaux engins. Et pour cause, les usages ont tendance à évoluer beaucoup plus vite que la conception et la réalisation des infrastructures. Ainsi, les centre-villes qui se transforment petit à petit afin d’accueillir le vélo, ont d’ores et déjà un train de retard en ce qui concerne la micro-mobilité. Dans un billet daté de 2013, nous évoquions cette problématique à travers l’expérience de déplacements urbains en skateboard. Il y a 5 ans, le constat faisait d’ores et déjà d’espaces inadaptés, de trottoirs encombrés, de « sols » diversifiés offrant peu de continuité ou d’homogénéité et d’une invasion de potelets, indéniable figure de cet encombrement croissant.

A l’heure actuelle, la réglementation encadre très peu cette mobilité alternative. Quand on constate que certains appareils peuvent aller jusqu’à 35 km/h, la question de l’adaptation des infrastructures est effectivement primordiale. Comment intégrer ce boom de la micro-mobilité ? Où doit-on localiser ces nouveaux engins ? Sur les trottoirs ? Sur la chaussée ? Sur les pistes cyclables ? Faut-il réglementer ?

Ce qui est certain, c’est que ce phénomène encourage à repenser notre manière de concevoir et de partager les espaces dédiés aux déplacements. Et ce afin de tendre vers un espace plus complet et plus inclusif qui ne l’est aujourd’hui. Un espace de déplacement répondant aux différents besoins, qu’il s’agisse de la marche, du bus, du vélo, de la trottinette électrique du skateboard ou des gyropodes, en privilégiant les options de transport partagé, plus sûres et plus faibles en émission de carbone, donc profitables au plus grand nombre.

Réaménagement de l'Avenue Mermoz - Lyon - Gautier CONQUET

Réaménagement de l’Avenue Mermoz – Lyon – Gautier CONQUET

Par ailleurs, si ces mobilités innovantes doivent effectivement être encadrées, il n’est pas souhaitable de s’enfermer dans une logique trop restrictive, tant elles viennent combler certaines lacunes de nos systèmes de déplacements urbains : faciliter le dernier kilomètre avant l’accès aux transports en commun, par exemple, ou encore concurrencer les déplacements urbains nécessitant de multiples correspondances ou des temps d’attente important…

La micro-mobilité, fait désormais office de nouveau candidat crédible à l’utilisation de l’espace public. Un candidat qui doit nous amener à explorer de nouveaux concepts, de nouvelles théories sur la manière de classer/scinder le trafic, en faisant abstraction des différents modes. La célèbre piste cyclable plutôt exclusive n’est-elle finalement pas d’ores et déjà obsolète ?

Faire abstraction des différents modes pour partager l'espace ? Londsale Street - John-Gollings

Faire abstraction des différents modes pour partager l’espace ? Londsale Street – John-Gollings

Usuellement, il est question de sécurité, de vitesse et de gabarit pour justifier de l’attribution de l’espace de circulation à un mode de déplacement spécifique. La régulation de la vitesse semble être un paramètre déterminant pour travailler sur l’inclusion de ces nouveaux modes de transport. A vitesse plus faible, tous ces véhicules peuvent effectivement cohabiter et se partager l’espace, toutefois lorsque la vitesse augmente, il devient indispensable de séparer tous ces flux. Or la micro-mobilité induit une grande variété d’engins et il est clairement inenvisageable de créer des voies distinctes pour chaque type de véhicule…

Une rue partagée - Southwark London

Une rue partagée – Southwark London

En parallèle de l’émergence de la micro-mobilité, on constate que l’automobile libère de plus en plus d’espace dans nos cœurs urbains. Une réelle aubaine pour réfléchir à l’attribution de l’espace en fonction des différents groupes de modes de transport, sans pour autant réduire l’espace dédié aux piétons. Il semble alors indispensable de concevoir un espace de circulation en imaginant une diversité et une multiplicité d’usages.

Tirer parti des nouvelles possibilités offerte par la micro-mobilité et le retrait de l'automobile

Tirer parti des nouvelles possibilités offerte par la micro-mobilité et le retrait de l’automobile

Les concepts de voies modes « doux », de voies partagées, de voiries apaisées semblent ainsi plus adaptés à l’inclusion de ces nouvelles mobilités. L’objectif étant de tirer parti des nouvelles possibilités offerte par la micro-mobilité pour résoudre des problèmes structurels de transport, tout en encadrant cette dernière afin d’en minimiser les impacts négatifs.

Et vous avez-vous franchi le pas de la micro-mobilité ? Quel type d’engin pratiquez-vous ? Pensez-vous que l’espace public soit effectivement adapté à cette pratique?

Note pour les amateurs de micro-mobilités ou de mobilité ludique : le skateboard utilisé dans l’image de couverture du présent billet est le modèle « Nimbus » conçu par la Startup française Elwing Boards. Un skate électrique offrant une vitesse maximale de 32Km/h et une autonomie jusqu’à 15km. Toutes les informations sont disponibles sur le site du constructeur en cliquant ici

Catégorie:Magazine, Urbanisme
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L'auteur
Edouard Malsch

Urbaniste, Géographe, Co-Fondateur & Community Manager pour UrbaNews.fr.

3 Commentaires

  • 3 mars 2019 à 23:03
    micro

    Vous dites vouloir privilégier les transports en commun, « plus fiables, plus sûrs et plus économies en CO2 » que la micro-mobilité. Mais cela est faux. Un skate board ou un vélo ont un impact CO2 inférieur à celui des TC ! Quand à la trottinettes électrique et au VAE, j’attends une étude complète. De manière intuitive, ils me paraissent plus écolos car ils requièrent infiniment moins d’infrastructures et d’énergie.
    Enfin, le plus important, est que la micro-mobilité préserve la santé en permettant d’effectuer de l’exercice quotidien, ce que ne permettent pas du tout les TC.
    Il est également bien connu que les TC sont facteurs d’un immense stress et d’une immense fatigue, dont les conséquences en termes de santé ne sont jamais comparées à celles des autres modes de transport. Mais les Franciliens en sont conscients et les temps de transport pénibles et trop longs leur font désirer en grande majorité de quitter la région.
    Pour conclure, je pense que la micro-mobilité doit avoir une place au moins égale à celle des TC, et non inférieure.

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  • 3 mars 2019 à 23:19
    micro

    Quant aux « zones de rencontre », elles sont peut-être agréables pour les piétons mais particulièrement pénibles pour tous les autres. Il est impossible d’aller vite, sous peine de se cogner un piéton, et on se retrouve à devoir marcher.
    Donc autant en faire des zones piétonnes. C’est plus honnête.

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    • 11 mars 2019 à 15:44

      Complètement en accord avec votre propos 😉 Toutefois les TC et la micro-mobilité ne répondent pas aux mêmes besoins. L’idéal est une combinaison des deux modes. Les distances que l’on peut parcourir avec ces différents modes ne sont pas encore tout à fait équivalentes… Parfois le recours aux TC est indispensable. Concernant les espaces partagés ou zones de rencontre ils constituent une première étape à la transformation de l’espace public. Je ne pense pas que l’on soit encore assez mûrs pour proposer des espaces exclusifs aux micro-mobilités dans la mesure où nous sommes déjà en retard en ce qui concerne le vélo. Bref tout n’est pas parfait mais il faut tâcher de trouver des compromis.

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