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Et si Lille redevenait une île…

Un débat agite, discrètement pour le moment, les aménageurs lillois : faut-il remettre les canaux du Vieux-Lille ?

Lille - l'avenue du Peule Belge autrefois

Autrefois, Lille était entouré par la Deûle, expliquant l’étymologie du nom de la ville (l’Île). L’insalubrité des lieux avaient poussée les décideurs locaux (dans les années 1930) à assécher les canaux qui traversaient le Vieux-Lille et arrivaient aux portes de la Grand’ Place. Par la suite, le trafic automobile y a trouvé sa place.

L’avenue du Peuple Belge était traversée par l’eau, désormais on y retrouve un parking, un square et un espace vert sous-utilisés, du fait de la présence de nombreux bars, restaurants et cabarets, mais aussi des activités de prostitution (devant le Palais de Justice, ndlr) qui s’y déroulent. Un important parking souterrain occupe tout cet espace.

Alors que la « mode » est au retour vers la nature et que de nombreuses villes mettent en valeur leurs cours d’eau, leurs berges ou leur front de mer, Lille est à la traîne.

L’opération des Rives de la Haute-Deûle va dans ce sens mais elle est située bien trop loin du centre-ville, et assez méconnu pour les non-initiés, pour avoir un pouvoir attractif sur les métropolitains et sur les touristes. La rénovation réussie du Quai du Wault et la future mise en valeur des quais de la Deûle (quand le satde Grimonprez-Jooris sera démoli) sont déjà des signes positifs qui redonnent sa place à l’eau dans la ville. De plus, la proximité de Bruges : « la Venise du Nord » ;  à 40 minutes de Lille, qui attire les foules, dont de nombreuses personnes de la métropole lilloise, le week-end, est un signe encourageant pour une éventuelle remise en eau de la ville.

Outre le coût financier d’une telle opération, l’aspect technique est aussi un frein. Des constructions recouvrent d’anciens canaux, l’organisation des déplacements urbains à refaire complètement et les problèmes existants d’infiltration dans les caves. Sans compter sur la révolte à venir des commerçants et des habitants contre le projet.

Ce projet ambitieux, audacieux et révolutionnaire pour la ville, même s’il constitue un retour en arrière, aurait pour effet rendre à Lille son identité géographique, historique et culturelle.

Catégorie:France, Urbanisme
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L'auteur
Pierre Tardy

Rédacteur pour Urbanews.fr & chargé de mission à la MEL. Diplômé de l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de Lille (IAUL).

17 Commentaires

  • 25 janvier 2011 à 15:50

    Voilà un projet intéressant ! Mais outre l’aspect « cadre de vie » et l’effet de mode, est-ce qu’il y a une réelle réflexion sur l’utilité ? Une réflexion sur l’habitat et les commerces flottants, sur la trame verte et les transports doux me paraissent indispensables, entre autre…

    Car aussi séduisante l’idée soit-elle, le cout financier d’une telle opération la condamne dès le départ !

    Enfin, il est toujours amusant de voir que l’urbanisme du « tout voiture » propre au XXe siècle – suppression des tramway, comblements des canaux, démontage des fortifications pour laisser place aux périph’ – est finalement remis en cause, comme si la ville « avant la planification » était l’objet de regrets…

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  • 25 janvier 2011 à 22:59
    Sandrine Moretti

    Tout à fait d’accord avec ce commentaire!
    D’ailleurs, l’Avenue du Peuple Belge ( qui n’arrive pas du tout du tout au niveau de Perrache puisqu’il y a maxi deux filles par soir) et l’idée de remettre en eau ce coin est digne de Star Wars. C’est LA blague que l’on nous fait en début d’année ici. On a pas rendu cet espace pavé uniquement pour la voiture mais parce que cela entrainait de gros problèmes de salubrité dans la ville.
    Certes Strasbourg, Lyon, Paris et j’en passe ont décidé de tous faire appel à un projet urbain tellement lisse qu’ils ont crée une standardisation de leur ville, mais toutes les metropoles ne doivent pas pour autant toutes le faire, bien au contraire. Au delà de la beauté se pose les problèmes de spéculation foncière, de gentrification et j’en passe. De même, si on parle développement durable parce que c est la mode, et bien ca ne l’est pas justement. Il y aurai bien des choses à dire sur le Vieux Lille, mais pas que la voiture y est reine!
    Donc, retour identitaire par un cannal… Lille n’est pas Bruges et d’ailleurs la France n’a pas la même politique foncière que la Belgique et surtout de la Flandes, ce qui explique beaucoup.
    Néanmoins, il est vrai que cet esthétisme par trame bleue peut être plus qu’agréable à vivre pour tous. Mais la citadelle, à 10 minutes à pied du Vieux Lille nous offre, canal, péniches, et espace vert à perte de vue.

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    • 26 janvier 2011 à 11:20

      Par « projet urbain tellement lisse » tu entends quoi exactement ? les berges du Rhône et Voies sur Berges de la Seine par exemple ? si oui je suis pas certain que le terme « standardisation » soit vraiment adapté, chaque projet est évidemment bien propre au lieu et à la ville à laquelle il se rattache. Le projet lyonnais par exemple est beaucoup plus « piéton » que celui de Paris, qui implique, lui, de nombreuses problématiques concernant la circulation des voitures qui ne peu raisonnablement être entièrement supprimée. Enfin, je pense également que la qualité de vie et l’attractivité d’une ville qui se tourne vers « l’aquatique » sont indéniablement meilleures que celles d’une métropole ne possédant pas cet atout majeur !

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  • 26 janvier 2011 à 11:19
    Pierre Tardy

    Le tout est de peser le pour et le contre, force est de constater que, pour l’instant, le contre l’emporte largement.
    Même si l’idée est séduisante et permettrait d’embellir la ville, son coût est bien trop important, surtout dans le contexte économique actuel. C’est dommage car Lille retrouverait une partie de son identité perdue. Mais la raison doit l’emporter sur la passion.
    Comme je l’ai écris les canaux ont été bouchés à cause de l’insalubrité : 80 ans plus tard je pense que l’on a fait des progrès dans ce domaine.
    Si la voiture n’est pas reine (rues pavées étroites), elle y est omniprésente ou du moins on la remarque plus. Et le transfert des détenus en barque ça aurait de la gueule, non ?
    Au moins ce débat nous occupera pendant quelques années.

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  • 26 janvier 2011 à 12:32

    La standardisation des projets n’est pas étonnante (compte-tenu notamment du faible nombre d’agences auxquelles ont fait appel), et même si un lissage existe, ce n’est finalement pas tant leur normativité qu’il faut observer que leur inscription dans un projet de ville à long terme. Le Benchmarking permanent, même s’il est contraignant, peut également s’avérer être salutaire.

    A Lyon par exemple, les berges sont une bonne idée et relèvent du projet de ville en cela qu’elles ont une signification dans cette dernière. Peut-on en dire autant à Lille ? Pas certain.

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  • 26 janvier 2011 à 23:28
    Sandrine Moretti

    Mmmh je pense qu’un tour à Lille s’impose à certains…. La standardisation pose des questions majeures notamment en terme de sociologie, de patrimoine… A ce sujet, je vous conseille de lire un ouvrage de Patrizia Ingallina qui a un regard très interressant la dessus. Par ailleurs, elle a un avis critique sur le quartier star de Lille, Euralille très intéressant.
    Donc standardisation non etonnante certes (les quais de Strasbourg ont été fait par les mêmes concepteurs que ceux de Confluence), mais pas pour autant justifiable. On vend juste du reve aux élus.. Et le recours aux archi-star par pitié, il faut stopper ca… Par ailleurs, comme je l’ai déja dit, Lille possède son petit canal et il n’est pas au centre de la ville certes mais Confluence non plus et aucun Lillois n’est en manque de ce canal. Et si l’on parle d’identité puisque ça aussi ca fait parti de la vague city marketing, ce canal n’est pas identitaire de la ville, tout comme Confluence ne reprend en rien l identité de Lyon. C est un peu comme un tram en forme de coupe de champagne à Reims ou de vers à soie à Lyon, du faux symbolisme pour un bon marketing!! Alors bien entendu ca nous parait beau, ca nous parait agréable et ca nous parait tellement durable pour la ville, mais je vois pas en quoi, remodifier un mileu et un cours d’eau en plus sous forme de canal serait utile. De plus, Lille a deja de très gros problèmes de gestion de l’eau donc on a fait des progrès en salubrité mais on ne fait pas miracles…
    C’est un débat très interressant, et les pour et les contres sont tous justifiés à mon avis, mais il serait peut etre temps de penser l avenir de la ville avec d’autres recours que les jolis quais, le joli tram (qui au final ne permet pas une autonomie de certains quartiers comme les allemands ont su bien le faire), les belles tours qui dans 10 ans nous paraitrons laides. De nombreux pays ont compris ça, pas la France.

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    • 27 janvier 2011 à 10:59

      « les belles tours qui dans 10 ans nous paraitrons laides. De nombreux pays ont compris ça, pas la France. » A part La Défense,on est plutôt mal loti de ce coté là en France donc sur ce point là … (Et c’est bien triste…)

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  • 27 janvier 2011 à 10:20
    Pierre Tardy

    Sandrine, je serai ravi de discuter avec toi plus longuement sur ce sujet car je pense que mon point de vue pourrait de plaire et te convaincre (et notamment sur Euralille).

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  • 27 janvier 2011 à 18:49

    Sandrine, j’ai pas bien compris où on étaient en désaccord.

    « La standardisation pose des questions majeures notamment en terme de sociologie, de patrimoine » = « ce n’est finalement pas tant leur normativité qu’il faut observer que leur inscription dans un projet de ville à long terme.  »

    Pour en revenir à Lille, un tel projet ne m’a pas plus l’air pertinent qu’à toi, et quand aux quais de Confluence, je ne les ai pas évoqué puisque ceux-ci sont effectivement des exemples de mauvais choix. Même si leur problème ne vient pas tant de l’identité de la presqu’île (une identité, ça se forge) que des choix retenus pour l’aménagement de l’ensemble (murer toutes les rues qui donnent sur la Saône ? Quelle bonne idée !).

    Idem pour les tram « jolis mais pas utiles » d’ailleurs, même si une fois de plus le problème se trouve ailleurs, notamment dans l’échelle décisionnelle où les tracés de ces derniers se décident, en général communautaire.

    But this is hors-sujet !

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  • 27 janvier 2011 à 22:59
    Sandrine Moretti

    la reponse ne concernait pas uniquement M. Berdou et je vois pas ou est le hors sujet quand on parle de city marketing puisque le tram est l outil marketing preferé des metropoles pour se redonner une image de qualité….

    Pour la discussion sur Euralille pas de problème, se sera avec plaisir!

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  • 28 janvier 2011 à 20:09
    Marty McFly

    Pour ma part, j’en reste pantois…
    Mais je reste assez fan, dans la formule, du : toute les villes opère un retour sur la nature sauf Lille qui est à la traine…En somme : « By Jove ! en lieu et place des gamins de toutes les couleurs façon Pub Benetton et des mamans promenant leurs poussettes sur nos belles trames vertes que nous présente les modélisations 3D de l’archi, nous on a des putes, Damn » ah ça les questions d’image…

    Pour ma part, je partage l’avis de Sandrine sur la standardisation de nos projets d’aménagement. Les oripeaux actuels des « villes qui gagnent » : La ville verte, les trams, tendent à devenir des modèles, reproductibles quelque soit le contexte et les besoins des habitants d’autre quartiers (surtout à Lille, elle le rappelait avec EuraLille)

    Pour ma part, la standardisation de nos villes pose une question que pose évidemment le projet Lillois : pour qui fait-on de l’aménagement ?
    Au même titre que plusieurs communes du sud parisien joue à fond la carte de l’obtention du label « Ville Fleurie » alors que ces même communes ont connu toutes les actions des politiques de la ville depuis leurs débuts : J’aimerais dire que je travaille pour l’habitant autant que je travaille pour l’image d’une ville, mais bon on ne va rien réécrire : peu importe les couts (pharaoniques) et les besoin des habitants ( qui ne ce limite pas à nos centre historique), les villes se jettent souvent sur le premier jésus christ qui passe…et si en plus on leur parle d’identité…
    Mais a priori puisque, on le sait, l’identité est un construit social alors pourquoi pas l’imposer, hein ?

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    • 29 janvier 2011 à 01:20
      EL Poncho

      En gros tu as 3 parts donc presque tout le gâteau ? En ce qui concerne la mienne (de part) je préfère un tram, et des mums promenant leurs poussettes sur nos belles trames vertes « Standardisées » qu’une cité HLM version seventy mais bon chacun ses goûts… 😉

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  • 28 janvier 2011 à 22:23

    « By Jove ! en lieu et place des gamins de toutes les couleurs façon Pub Benetton et des mamans promenant leurs poussettes sur nos belles trames vertes que nous présente les modélisations 3D de l’archi, nous on a des putes, Damn »

    Ah, si encore ça faisait Benetton… mais les couleurs sur les images promotionnelles, à l’instar des façades d’aujourd’hui sont terriblement monochromes… (j’avais même vu une fois un visage retouché à la va-vite pour remplir les quotas … mais impossible de remettre la main dessus).

    D’une certaine manière, ça répond à ta question Marty, « pour qui fait-on de l’aménagement ? ». Nom de Zeus !

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  • 28 janvier 2011 à 23:31
    Sandrine Moretti

    le bon côté des choses, c’est qu’au moins la question éveille les esprits! Marty, Brighton serait fière de toi!

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  • 30 janvier 2011 à 12:13
    Sandrine Moretti

    Oh mon dieu, des HLM et des pauvres quelle horreur…

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  • 30 janvier 2011 à 17:57
    Pierre Tardy

    Je ne pensais pas déchainer autant les passions avec une goutte d’eau.
    Mais rien de tel que le débat et l’échange pour progresser.

    Pour répondre à Marty, je pense que les aménageurs s’efforcent de faire de l’aménagement pour les habitants d’un territoire mais aussi pour ses usagers (je n’aime pas le mot mais c’est le seul), dans l’intérêt commun.
    Que ça plaise ou non, les territoires sont en compétition, parfois en coopétition, et pour se développer (ou au moins se maintenir) il faut attirer le monde extérieur.

    A titre personnel, je pense que l’espace public de l’avenue du Peuple Belge doit être repensé et réapproprié par les habitants et les usagers. Que ce soit un parc, un bras de la Deûle ou autre chose, il faut étudier toutes les possibilités.

    Dans une touche plus légère, je ne connais aucun élu qui signera pour une modellisation 3D dans laquelle on verrait des pigeons manger le dégueli d’un toxico qui gît au milieu du trottoir… Mais ça me ferait marrer de voir ça.

    Le jour où l’enquête publique sera lancée sur la remise en eau du Vieux-Lille je pense que l’on sera nombreux à y assister et que les débats seront agités.
    Je vous dis à tantôt.

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