La ville de Kiruna déménage
La petite ville suédoise de Kiruna (au nord du pays) se trouve devant un problème surréaliste.
Le développement de son activité d’extraction des minerais de fer nécessaire à l’économie de la ville, qui en dépend presque totalement depuis le 19ème siècle, la met en péril. Pour répondre aux besoins de ses clients, la société minière étatique LKAB doit creuser sous la ville, cette situation fragilise le terrain et pour plus de sécurité il a été décidé de transférer la ville et ses 18 000 habitants ailleurs.
Pourtant ce projet de délocalisation de la ville a été accepté par les habitants dont beaucoup travaillent pour la mine (près d’un habitant sur 10).
La responsable de l‘urbanisme et de l’environnement de la ville, Ann Catrin Fredriksson, explique que la société minière a accepté de déconstruire et reconstruire une douzaine de bâtiments historiques de la ville sur le futur site. LKAB dépensera en tout près de 325 millions d’euros pour l’acquisition des terrains, les démolitions et les reconstructions des logements et les frais de déménagements des biens mobiliers des habitants de Kiruna.
LKAB avait déjà dû payer à la ville un nouveau réseau d’égouts il y a quelques années suite aux fissures apparues à cause de l’activité d’extraction en sous-sol. Des habitants avaient quitté leur quartier suite à ces désagréments, pris en charge à l’époque par la société LKAB.
L’opération de fera en plusieurs parties pour des raisons de logistique et de délai de constructions. Une trentaine de familles ont déjà investi son nouveau quartier. Le déplacement de 3000 personnes est prévu lors des deux prochaines décennies.
Le dilemme de la municipalité est de savoir s’il vaut mieux s’installer sur la colline ou dans la vallée. La ville devait s’installer au nord-ouest au pied de la montagne Luossavaara et à proximité du lac Luossajärvi, mais en 2010, la municipalité a jugé qu’il serait plus opportun de s’installer à l’Est de la ville actuelle.
Un autre problème se pose, les routes empruntées par les rennes sont coupés par les chemins de fer, le Ministère des Transports suédois a décidé de créer un pont engazonné pour remédier à ce problème. De toute façon les rennes du Père Noël, eux, volent…
5 Commentaires
ça déjà été fait dans la ville de Malartic au Québec. Les entrepreneurs d’une mine d’or ont déplacé plus d’une centaine de maison et l’église de la ville pour pouvoir exploité à ciel ouvert le précieux minerais.
Jusqu’où nous conduira l’appât du gain et le besoin toujours croissant en matière première.
Il y a également le projet EcoCity 2020 (Russie) qui y ressemble. Mais ce projet ci déplace les habitants à l’intérieur même du cratère creusé par la mine.
@Denis: Je ne sais pas si c’est l’appât qui motive ce « déménagement ».
C’est plus simplement pour moi l’économie d’une ville qui dépend totalement de ce travail.
La question n’est pas que ce soit des matières premières en tant que ressource macro-économique, mais bien que la survie économique de la ville et de ses habitants dépendent de cette activité.
Exactement, la seule alternative à ce déménagement de proximité est un autre déménagement, complet et incertain, de l’ensemble de la population.
De nombreuses villes en Russie n’ont que cette seconde alternative faute d’appareil productif, posant d’énormes problèmes de population.
Cf. https://www.urbanews.fr/2009/10/11/279-russie-le-drame-des-villes-mono-industrielles/