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Paradoxes Urbains

Ainsi soit-il, tel un paradoxe urbain, la ville est à la fois grande créatrice de richesse et grande consommatrice d’écosphère. Alors voilà, comment arriver à ce que les expressions « ville durable », « ville écologique » ou encore « ville nature » ne soient pas perçus comme des oxymores de la langue française ?

Vingneux, Saussaie, projet Grand Paris - équipe Descartes (Yves Lion)

Vigneux, Saussaie - Projet Grand Paris, équipe Descartes (Yves Lion)

Ma question est la suivante : quelles notions fondamentales la ville écologique doit-elle intégrer afin de favoriser un équilibre, tant convoité, entre la ville et la nature ?

Equilibre ville/nature

Les habitants des favelas et autres bidonvilles sub-sahariens, auront au moins le mérite de ne pas consommer à outrance et de savoir s’adapter à leur environnement naturel. Autrement dit, on parle d' »intelligence de la débrouillardise » que j’aime tant (davantage d’infos ici). Hervé Juvin, dans son ouvrage « L’occident mondialisé, controverse sur la culture planétaire, exploite l’idée que la ville et la nature  trouveraient un équilibre au prix d’un retour à la rareté des ressources primaire, où la société développerait une culture individualiste, telle des primates à l’affût du moindre gibier ! Lisez plutôt (phrases tirées du blog Transit-City) :

La rareté était le fait économique que la surabondance a fait oublier, générant des distributions aberrantes des revenus et des patrimoines. La question de l’accès aux biens vitaux va dominer le monde qui vient, avec la perspective raisonnable de biens réel rationnés, et d’une explosion des prix de la vie (…) Nous en revenons au monde de la première mondialisation. La richesse des biens réels redevient la première richesse. Et la culture sera culture de la rareté, culture de l’épargne et de la sauvegarde, culture du respect, de l’abstention, de la modération. (…) Monde compté, petit limité ; il n’y a en aura pas pour tous (…) La culture de l’individualisme, c’est-à-dire d’une extrême liberté dans l’emploi de l’espace public et dans l’appropriation privées de biens communs, se heurte à ce monde fini (…) La culture-monde adresse des désirs infinis à ce monde fini, il est exclu que tous disposent des moyens de leurs désirs, il faudrait neuf planètes pour faire vivre la population mondiale selon les standards californiens. En cela aussi la culture monde est coupable de la disparition du monde. »

Malgré mon engouement naturel envers les scénarios catastrophes, je ne partage pas cette même vision de l’équilibre ville/nature.

Une alternative évidente à la ville/nature

Difficile de ne pas générer des paradoxes urbains lorsqu’il s’agit de traiter à la fois de la ville et de la nature, de l’économie et du bien être social. Pourtant, certaines agences comme Composante-Urbaine, Urban Act ou encore (et toujours) Bjarke Ingels Group, tentent de répondre de façon pertinente à la problématique tant convoitée de l’écologie urbaine. En effet, la véritable ville durable est sans doute cachée derrière l’inexorable métabolisme urbain et la culture du « Don’t feel guilty, ENJOY MORE ! ».

Schéma de principe d'un Métabolisme Urbain, Hammarby Sjöstad - Stockholm

Imaginons une ville où les décideurs locaux sauraient réellement prendre en compte les mécanismes de la nature : « si l’eau coule et risque de déborder ici, ne vient pas construire tout près, et si la terre s’écroule ou tremble par là, ne vient surtout pas y construire ta villa« . Et oui, la géographie, l’eau, la terre, le vent et le soleil sont autant d’éléments de la nature à considérer avant d’urbaniser n’importe où, n’importe comment.

Je trouve ça particulièrement dingue que les collectivités n’aient pas encore intégrer la réelle notion de ville durable. Celle qui n’est pas forcément dense mais qui sait urbaniser en harmonie avec la nature. Le principe de métabolisme urbain et de son approche écosystémique de la ville est pourtant simple, économiquement rentable et socialement stable.

Ecologie, cet argent sale

Nous autres pays du Nord, nous préférons utiliser le préfixe « éco » sur tout ce qui bouge prétendant être au profit du développement durable. Eco-quartier, éco-ville, éco-participation, achats éco-responsable, etc.. l’éco-logie ou la nouvelle éco-nomie du business rentable.

Et quand on lit l’article « Mafia écolo : l’argent sale des énergies propres » par Giacomo Rosso, on comprend un peu mieux comment l’énergie a la capacité de devenir, je cite « un investissement sûr pour l’argent sale ». Lisez plutôt :

« La vieille mafia des parrains Corleone, celle du grand écran, celle qui engrangeait de l’argent uniquement grâce aux jeux de hasard, à la prostitution ou au trafic de drogue, a disparu depuis un moment. Le 14 septembre dernier, l’enquête de la section anti-mafia de la police italienne a conduit à la saisie de biens d’une valeur totale de plus d’1,5 milliard d’euros (éoliennes et immobilier de luxe), propriétés de l’entrepreneur sicilien Vito Nicastri, connu sous le nom de « Seigneur du vent ». Proche, selon la DIA (Direction d’enquête anti-mafia), du grand fugitif mafieux Matteo Messina Denaro, il aurait installé de nombreuses éoliennes dans l’île afin de blanchir de l’argent et d’obtenir de considérables financements européens. Les affaires sales liées à la construction d’énormes installations solaires et éoliennes représentent un business qui ne concerne pas seulement le sud de l’Italie. Des enquêtes très similaires ont été lancées aux îles Canaries, en Corse, en Roumanie et en Bulgarie. »

Sacrés mafiosi… Ceux-ci seraient bien capable de pourrir notre vision de l’écologie et des sources d’énergies renouvelables.

Indignons-nous !

Encore une fois, indignons-nous, chers amis, l’image du développement durable est réellement vulgarisée, banalisée voire repoussée. Indignons-nous contre le green-washing habituel, les mafiosi, les Grands Norman, Franck et Jean, vecteurs de paradoxes urbains quand il s’agit de traiter à la fois la ville et la nature ou, plus exactement, la ville et l’écologie.

Mais bon, ainsi soit-il. La ville a, de toute façon, sans arrêt servi de source d’inspiration pour la qualité de ses paradoxes urbains. Allez comprendre.

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L'auteur
Bruno Morleo

Rédacteur et associé / Diplômé en Master Génie Urbain, spécialité développement urbain durable - Chargé de mission Développement Durable au sein d'une collectivité territoriale.

4 Commentaires

  • 27 février 2011 à 13:23
    histan

    « où la société développerait une culture individualiste, telle des primates à l’affût du moindre gibier ! Lisez plutôt :  »

    oui, lis donc plutôt :
    « La culture de l’individualisme, c’est-à-dire d’une extrême liberté dans l’emploi de l’espace public et dans l’appropriation privées de biens communs, se heurte à ce monde fini  »

    la phrase est au présent de l’indicatif, c’est-à-dire qu’il parle de ce qu’il se passe maintenant. avant de publier, avant de critiquer dans le vent, il faut, effectivement, LIRE.

    RÉPONDRE
  • 28 février 2011 à 23:04
    Bruno Morleo

    Cher Histan,

    je ne pense pas « critiquer dans le vent », comme tu le présumes. Au contraire, j’essaye de donner des éléments de réponse à la problématique énoncée en première partie de l’article :

    « quelles notions fondamentales la ville écologique doit-elle intégrer afin de favoriser un équilibre, tant convoité, entre la ville et la nature ? »

    Alors oui, tu as raison, la première partie est effectivement une critique contre les propos de Hervé Juvin. Mais c’est mon point de vue, tu as tout à fait le droit d’être en désaccord.

    Puis, ma seconde partie propose justement une alternative au rapport ville/nature, en parlant de la notion de métabolisme urbain (dont le principe est beaucoup plus détaillé dans un précédent post, en lien dans cet article).

    Enfin, lorsque l’auteur parle au présent de l’indicatif, il dévoile évidemment une tendance actuelle, celle d’agir de façon individualiste etc. Il dénonce le fait que si nous ne réagissons pas : « la culture sera culture de la rareté ». Et, en effet (je te renvoie ton « il faut, effectivement, LIRE »), l’auteur parle bien au futur : « (…) va dominer le monde qui vient, avec la perspective raisonnable (…), la culture sera culture de la rareté (…) il n’y a en aura pas pour tous ». Donc ne te focalises pas sur une phrase de la citation, mais sur la citation dans son ensemble.

    J’espère que la prochaine fois avant de « commenter dans le vent », tu liras en entier l’article. Et qui sait, tu pourras peut-être même proposer un commentaire productif. Le but est d’ouvrir un débat plus intéressant que : « apprend à lire ».

    Bruno

    RÉPONDRE

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