15 49.0138 8.38624 1 1 4500 1 https://www.urbanews.fr 300 0
   

Dead Drop : Un cadeau pour tous les « enfants-urbanistes »

Le récent post Pour nous, les « enfants-urbanistes » introduisait l’urbanisme ludique qui, pensé et adapté pour la génération d’hyper-connectée que nous sommes, cherche à mixer l’espace public réel à l’espace public ludique et/ou virtuel rencontré(s) dans les jeux vidéos, parcs d’attractions, internet, etc. . Alors voilà, nous sommes à l’aube d’un monde perméable aux espaces virtuels. Bientôt, les réseaux sociaux virtuels seront dépassés, la tendance sera de partager des infos de personnes connus par le bouche à oreille , d’un bout à l’autre du globe, mais OFF-LINE ! La question c’est : quand la Digital Culture rencontre la ville et nos espaces publics ça donne quoi ?

J’ai décidé, en exclusivité pour Urbanews, tel un cadeau de Noël pour tous les « enfants-urbanistes », de passer de la théorie à la pratique, en tentant de chercher des éléments de réponse à une telle question, en expérimentant : la DEAD DROP.

En effet, depuis peu, ce phénomène me fascine. Je l’ai découvert par le blog [pop-up] urbain du très talentueux Philippe Gargov, dont je vous invite à lire l’article ici, puis approfondi avec le site officiel ici créé par l’artiste berlinois Aram Bartholl, initiateur du phénomène, dont le manifeste est proposé en « bonus » à la fin de cet article.

Tout simplement, une Dead Drop est une clé USB dissimulée dans un mur d’un espace public, permettant un échange de pair à pair (peer-to-peer) sans être connecté à internet, en toute liberté et en tout anonymat. Autrement dit, c’est un moyen de transformer un petit bout de mur de notre ville en plusieurs milliers de megabytes de données modulables et inter-échangeables à l’infini ! C’est offrir les avantages d’internet à la ville, sans les inconvénients de spams, pubs porno ou autres… La limite est bien sûr qu’un jour un utilisateur malintentionné décide de tout détruire en s’amusant à insérer des virus ou des images choquantes dans chaque clé USB, tellement plus fun… (NO WAY !)

Mais heureusement pour nous, ce n’est encore pas le cas, c’est pourquoi j’ai voulu expérimenter ce phénomène. La cible est : le « Bridge of Sighs » du Hertford College d’Oxford. Regardez plutôt :

A propos de la dead drop : Oxford #1

La Dead Drop, nommée Oxford #1, est localisée juste en dessous du « Bridge of Sighs » du Hertford College dans la New Street Lane. Voir sa localisation géographique sur la « World Map » du site officiel ici, vous pourrez aussi jeter un oeil sur l’ampleur globale qu’a prit le phénomène en l’espace de 3 mois d’existence, à savoir 107 dead drops soit environ 313 giga-bytes de données prêtes à être échangées.

Découvrez en images son implantation par rapport à l’environnement qui l’entoure, ainsi qu’un petit aperçu  de son contenu… Regardez, puis interprétez…

Échangez vos données ici.

Under the Bridge of Sighs - Hertford College, New Street Lane, Oxford, UK.

Contenu de la Dead Drop #1

Contenu de la Dead Drop #2

Contenu de la Dead Drop #3

C’est le moment de réagir. Alors, d’après vous, est-ce que les dead drops ne sont qu’une tendance éphémère ou une véritable nouvelle notion d’urbanisme a intégrer dans nos concepts d’espaces publics ? En tout cas ce qui est sûr, ce que la dead drop constitue bel et bien un nouveau jouet pour nous autres « enfants-urbanistes » et c’est tant mieux que ce post soit publié en ce jour de Noël. Je ne peux donc finir cet article qu’en vous souhaitant à tous un très, très, très Joyeux Noël !!!

En bonus, le Manifeste

Selon Aram Bartholl, artiste berlinois, initiateur du phénomène :

Dead Drops est un réseau d’échange de fichiers anonyme, hors-ligne, de pair à pair (P2P) dans les lieux publics. Tout le monde peut accéder aux Dead Drops et tout le monde peut installer un Dead Drop dans sa région ou dans sa ville. Un Dead Drop doit être accessible au public. Un Dead Drop à l’intérieur d’un bâtiment fermé ou dans un lieu privé avec accès limité ou temporaire n’est pas un Dead Drop. Un vrai Dead Drop est un périphérique de stockage en lecture/écriture sans logiciel spécifique. Les Dead Drops n’ont pas besoin d’être synchronisés ou connectés entre eux. Chaque Dead Drop possède son existence autonome. Un beau Dead Drop est cimenté dans un mur et ne laisse apparaître que son connecteur métalique USB Type-A ; il doit difficilement se remarquer. Les Dead Drops n’ont pas besoin de câble et n’utilisent pas de technologie sans fil. Vous n’avez besoin que de vous agenouiller ou tendre votre veste contre un mur pour partager vos fichiers hors ligne. Un Dead Drop est un support USB nu, auto-alimenté, intégré dans votre ville, le seul véritable espace public. À une époque de dématérialisation massive des échanges sur la Toile et de multiplication de gadgets sans accès aux fichiers locaux, nous avons besoin de repenser la liberté des échanges de données au niveau local. Le mouvement des Dead Drops est sur la voie de ce changement !

Libérez vos données dans le domaine public avec du ciment !
Faites votre propre Dead Drop maintenant !
Re-matérialisez vos fichiers aujourd’hui !

Billet précédent
Joyeux Noël 2010 !
Billet Suivant
Vidéo : Le feu d’artifice de Dubaï tiré depuis le Burj Khalifa
L'auteur
Bruno Morleo

Rédacteur et associé / Diplômé en Master Génie Urbain, spécialité développement urbain durable - Chargé de mission Développement Durable au sein d'une collectivité territoriale.

7 Commentaires

  • 26 décembre 2010 à 18:41

    Merci pour ce reportage ! Le terrain, il n’y a que ça de vrai 🙂

    Et merci pour la mention flatteuse, évidemment 🙂 Encore une fois, superbe billet auquel je ne peux qu’agréer. Dead Drops est typiquement un produit de notre « génération » (la fameuse génération Y/G évoquée en intro de mon billet), alliant l’envie de partage aux plaisirs de la sérendipité.

    Évidemment, on peut se dire qu’il y aura bien un petit malin qui pourrira une clé de virus, mais après tout… c’est le « jeu », justement ! S’il n’y avait pas ce facteur « risque / inconnu », ce serait moins drôle 😉 (mais tant qu’à faire, autant que ça reste propre ^^)

    RÉPONDRE
  • 27 décembre 2010 à 13:39

    C’est exactement ça, la dead drop est un outil formidable de sérendipité.

    J’explique le terme pour ceux qui, comme moi, n’en connaissait pas le sens. La sérendipité est l’art de trouver quelque chose dont on ne cherchait pas à l’origine, mais ce quelque chose devient plus important que l’origine, on se remet donc en question, on cherche dans une autre direction, etc. Mais attention, ce n’est pas créer du besoin, c’est plutôt une découverte révélatrice, réalisée par surprise ou par hasard.

    Ce mot est très fort, et je suis sûr que cette expérience est déjà arrivée à certain d’entre vous. N’allez pas non plus chercher votre but ultime à l’intérieur d’une dead drop, mais il se peut qu’une révélation y soit cachée quelque part dans le monde… Qui sait ?

    Au hasard d’un doux soir d’hiver,
    l’homme se surprend d’une idée,
    par une dead drop à découvert,
    que sa vie sera transformée.

    RÉPONDRE
  • 27 décembre 2010 à 14:46

    Quel poète ! J’en reste bouche bée ! 😀
    Il y a énormément à dire sur la sérendipité appliquée à la ville (déplacements, etc.)… J’ai un projet de billet sur le sujet depuis des lustres, il faudrait que je songe à m’y coller ! 😉

    RÉPONDRE
  • 9 janvier 2011 à 21:41

    Pour information, le projet Dead-Drop a fait l’objet d’un dossier dans l’émission Random #29 (5 décembre 2010) : https://lille.dg-sc.org/random/index.php?post/2010/12/07/Random-029

    RÉPONDRE

Soumettez votre commentaire