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Promenons-nous à Confluence

On vous en a déjà parlé sur Urbanews (et vous n’avez probablement pas attendu de tomber ici pour le découvrir), le projet Confluence de Lyon a beaucoup fait parler de lui. Après avoir remporté des prix, fait danser les Lyonnais, et accueillit ses premiers habitants, il était grand temps qu’Urbanews y mette les pieds. Juste pour voir.

Tant pis pour la brume et les grèves, j’ai enfilé mon manteau de bon matin et suis parti à l’aventure pour me promener dans le quartier star de Lyon. Premier arrêt, l’hôtel des régions, toujours inachevé. Un bâtiment creux et lumineux en son sein, mais imposant et inaccessible de l’extérieur.

siege-rhone-alpes

Le nouveau siège de la région Rhône-Alpes

Jouxtant la place d’eau, quartier que j’ai décidé d’arpenter, l’hôtel de région trône fièrement à côté de l’arrêt du tram T1.  Pour la petite histoire, une extension de cette ligne a été décidée il y a quelques années pour raccorder le quartier à la ville. Un défi difficile compte-tenu du problème principal du sud de la presqu’île Lyonnaise : la rupture physique que représentent la gare de Perrache ainsi que l’échangeur autoroutier. Un aménagement qui coupe littéralement la presqu’île en deux.

Mais trêve de bavardage, passons aux choses sérieuses, la déambulation dans les rues de Saône Park et des alentours de la place d’eau, le centre de gravité du quartier.

Peut-on parler de rues à Confluence ?

Pas de commerces, bientôt du mobilier urbain ? Difficile d'imaginer là le socle d'une ville ludique

Me voilà à peine rentré dans le quartier qu’un fait me saute aux yeux. Dans ce vaste programme urbain durable censé rendre la ville à ses habitants, <placer ici l’argumentaire sur l’habitat et le lien social>, la rue n’existe pas. Il existe des voies d’accès, du macadam en bas des immeubles, mais la rue, elle, est absente.

Organisé autour d’une place d’eau bordée d’un immense centre commercial, la rue n’a en effet pas de place. Dans sa dimension commerciale tout d’abord, peu d’emplacements étant disponibles au pied des immeubles. Dans sa dimension sociale également; uniquement vouée au transit des véhicules et des personnes, y marcher c’est accepter d’être entouré de murs muets.

Immeubles en vis-à-vis sans rue

Renfermés sur eux-même, les immeubles en vis-à-vis semblent tourner le dos à la rue. Les espaces verts sont entourés d’au moins trois murs, quand ils ne sont tout simplement protégés de barrières, de cloisons.

Une rue barrée, probablement de manière temporaire

Un espace vert déconnecté de l'urbain; des immeubles aux pieds de pierre

Une vue sur la Saône légèrement entravée; quelle activité imaginer, contre ce mur ?

Un schéma urbain plein d'entraves

Pourquoi tant de murs ?

Les espaces verts, des espaces publics ?

Tant qu’à parler d’espaces verts, autant y aller franchement. L’accès à tous à la verdure revendiquée par la communication autour du quartier n’est pas une légende, et pas un pâté de maison ne semble dépourvu d’un jardin ou d’une vue sur une pelouse.

Un espace vert bien peu accueillant

Alors exemplaire ce quartier vert pour tous ? Pas vraiment. Là où l’espace public devrait concrétiser et rendre possible le lien social, là où chacun devrait pouvoir aller et se mélanger, seules des clôtures retiennent l’attention. Loin d’être des espaces d’échanges, donc d’ouverture vers l’extérieur, les espaces verts de Saône Park encouragent le cloisonnement. On imagine allègrement quels bienfaits sociaux peuvent bien apporter de tels espaces, réservés à l’usage des utilisateurs qui le jouxtent. Quelle intégration, quelle mixité peut-on imaginer dans un quartier où ni les rues ni les espaces verts ne sont propices à la rencontre ?

J’ai toujours eu une dent contre les Malls

Ceci est un pôle de loisirs et de commerces. L'idée est donc de s'amuser avant de consommer ? Allons bon ...

Je le disais en introduction, le quartier est organisé autour de son plan d’eau certes, mais également de son « pôle de loisirs et de commerces ».
Personnellement je n’ai jamais aimé ces grandes structures commerciales qui changent de nom à mesure que le temps passe; comme si le fait de plonger dans le consensuel allait gommer les stigmates qu’elles créent dans les espaces où elles s’installent.

Le PL&C

A confluence, c’est un véritable cas d’école. Non content de se tenir dans un quartier enclavé et mal desservi, cette superstructure voiturovore (je tiens à déposer ce terme) crée une rupture de plus dans un espace qu’on tentait de « soigner ». Longue bande de béton, courant sur tout la longueur du plan d’eau, le PL&C (faisons toujours plus court) est un monolithe qui coupe les rares vues dégagées du quartier, et sépare distinctement les zones d’habitat des zones de bureaux. Est-cela le plan d’aménagement qui parie sur l’avenir ?

Un bien bel ouvrage

Les Malls ont le sait, miment la rue. Ils lui font également du mal. Quel intérêt pour un commerce à s’implanter dans les rues bordant un tel équipement directement relié aux structures routières ? Cette rue fantoche, cet ersatz d’artère commerçant appelant l’usage de la voiture, c’est là probablement le choix qui m’a semblé le plus discutable dans le projet Confluence. Un handicap majeur pour un projet d’habitat.

Le handicap à Confluence ? Top 3 des rampes d’accès

Quelle merveilleuse transition improvisée pour parler de la question du handicap à Confluence, ce quartier durable pour tous. On le sait, être en fauteuil roulant n’est pas une mince affaire, et quand des aménagements existent pour faciliter la vie des personnes en étant équipées, ce ne sont pas toujours des réussites.
A Confluence, nombreux sont les aménagements destinés aux personnes à mobilité réduite. Cependant, comme les espaces verts, ceux-ci sont réservés à des catégories précises de la population : les athlètes handisport. Passons donc en revue l’accessibilité des grands aménagements du quartier.

En Troisième position : l'accès au plan d'eau. Pensez à vous échauffer

Attention, certains rampes font semblant d'en être, il faut se méfier

En Seconde position, l'épreuve du handi-cross urbain. Prévoir des gants.

La première place revient à cet aménagement épique mélangeant handicap et slalom spécial. (il remporte également la chaise d'or de l'accessibilité puisqu'il se trouve du côté opposé à la place d'eau)

Voilà pour ce petit tour d’horizon de Lyon Confluence. Bien entendu, les chantiers n’étant pas achevées, des éléments pourraient bien venir à changer, et nous seront là pour en être les témoins. De nombreuses choses pourraient également être ajoutée sur le projet, pas forcément en mal d’ailleurs, mais là n’était pas l’objet de cet article.

En attendant, n’hésitez pas à sortir couvert et à nous faire parvenir vos photos du projet. Un concours pourrait bien être envisagé pour les faire partager à la grande communauté des lecteurs d’Urbanews.

Catégorie:France, Urbanisme
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L'auteur
Jérémy Berdou

Cofondateur d'Urbanews.fr. Chargé d'études Environnement & Territoire chez Girus Viadeo | LinkedIn

3 Commentaires

  • 19 octobre 2010 à 13:26
    Florent

    C’est du grand n’importe quoi pour un quartier qui se prétend vert. On dirait une ville fantôme avec tous ces murs et le peu de luminosité. En ce qui concerne les accès pour les handicapés c’est incroyable… Comment, à l’époque que l’on vit, peut-on immaginé de tels aménagements bétonnés (je parle pour la dernière image) dans un quartier qui se dit soit-disant écolo?

    Ce quartier a visiblement été conçu par un fanatique du béton.

    RÉPONDRE
    • 28 octobre 2010 à 11:25
      lyonnais

      @Florant,
      Le fanatique du béton comme vous le dites est Monsieur Collomb Maire de Lyon qui n’ayant pas voulu faire le plan de masse de Bohigas (archictecte que Mr. Barre avait choisi) car projet trop long à ces yeux.

      Mr. Bohigas pensait d’abord en enterrer la ligne SNCF entre Bayard et le pont de la Mulatière (et faire une halte férrovière au niveau du centre de loisir qui maintenant ressemblera plus à un énième centre commercial pas décervi), mettre le metro pour qu’il y ai une accès plus que facile et son plan de masse prévoyait de vrais patés de maison où le vis à vis aurait été moins gênant.

      J’ai bien peur que nous soyons reparti pour plus de 100 ans de derrière les voûtes à cause d’un plan d’urbanisme plus que loufoque. Je vois mal dire aux proprios dans 50/70 ans, vous allez partir on rase tout ??

      RÉPONDRE
      • 3 novembre 2010 à 12:12

        Le plan actuel n’est pas satisfaisant (et il a toutes les chances de bien mal vieillir), mais la solution d’enterrer ne me semble pas pour autant plus satisfaisante (Stuttgart a bien du mal avec son projet).

        Finalement, la solution retenue n’est que la manière la plus logique de répondre à un objectif bien précis : créer une nouvelle offre immobilière à proximité du centre-ville.

        Vous avez raison de pointer du doigt la desserte ferroviaire du centre commercial, car j’ai j’ai oublié une précision dans mon article. La voie ferrée qui traverse le quartier n’est pas visible directement par les usagers de la voirie, mais dès qu’on prend de la hauteur, on se rend compte qu’elle coupe le quartier et passe à proximité des logements.

        Le seul moyen d’avoir ce point de vue est de monter un escalier de service de la patinoire toute proche. Je vous laisse tirer vos propres conclusions….

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