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Jeunes urbanistes et création d’entreprise : interview de l’atelier urba-T

atelier urba t

L’an dernier, nous vous proposions une interview d’Echelle 1:1, une entreprise créée par des étudiants de l’Institut d’Urbanisme de Lyon. Pour nous, l’idée était alors de relayer une initiative qui nous semblait prometteuse et qui faisait écho à notre histoire (de jeunes étudiants qui s’investissent par passion dans un projet qui leur tient à cœur). Créer son emploi, c’est une aventure ; cela l’est encore davantage lorsque l’on est jeune et que son domaine d’activité ne propose que peu de débouchés.

Aujourd’hui, c’est de notre rédaction que provient un témoignage de cet état de fait. Après 6 mois sans emploi, Pierre Tardy (qui avait déjà présenté sa motivation dans un article) a en effet décidé de créer son atelier d’urbanisme et de devenir son propre patron. Loin de nous cantonner à n’assurer que la promotion de « l’un des nôtres », nous vous rappelons à cette occasion que nous sommes toujours intéressés, jeunes (ou ancien jeunes) entrepreneurs, par votre témoignage.

Mais d’abord, place à Pierre Tardy, créateur de l’atelier urba-T !

UrbaNews.fr :  Peux-tu me présenter l’atelier urba-T ?

Pierre Tardy : C’est une auto-entreprise que j’ai créé en avril 2013, très récemment donc, centrée sur l’urbanisme et l’aménagement du territoire. Les activités s’adressent aussi bien aux collectivités territoriales, qu’aux promoteurs, aux bailleurs et aux particuliers qui ont besoin de mes compétences urbanistiques.

Je propose donc de faire des plans d’aménagement, des études et des analyses urbaines, de la prospective, de la programmation, des diagnostics territoriaux, des schémas de développement…

Je propose aussi un service de conseils, que ce soit pour les entreprises ou les particuliers, j’apporte mon aide pour choisir un lieu d’implantation en fonction des envies et des besoins de chacun.

Pour résumé, je suis un urbaniste multi-cartes.

Pour le moment, je me concentre principalement sur le Nord-Pas-de-Calais car c’est ici qu’est mon réseau mais j’aimerai bien m’étendre un peu plus.

UN : Quand et comment as-tu décidé de fonder ta propre entreprise ?

P.T. : L’idée m’a toujours trotté dans la tête, depuis que je suis diplômé, je savais qu’un jour j’aurai ma propre agence. Seulement je voyais cela arriver beaucoup plus tard.

J’y ai vraiment réfléchi au mois de décembre dernier, ça faisait déjà 6 mois que j’étais au chômage mais j’avais des pistes sérieuses pour des boulots donc j’attendais de voir si j’allais être embauché.

Mais au bout d’un moment, entre le ras-le-bol d’être le Poulidor de la recherche d’emploi, les promesses non-tenues et le zèle de certains voulant être calife à la place du calife, j’ai décidé d’arrêter d’attendre qu’on me donne du boulot et donc de créer mon propre job.

Mes proches m’ont encouragé et chacun m’a donné un coup de main, que ce soit pour des conseils, pour la création de mon logo, de mon site web et la recherche de contrats. Sans oublier UrbaNews.fr qui m’aide à me faire connaitre grâce à cet article.

UN : Quels sont aujourd’hui tes projets ?

P.T. : Je viens de terminer un projet (mon premier !!) pour un bailleur, il fallait retaper un plan d’aménagement déjà existant mais qui présentait des grosse lacunes en terme d’utilisation des espaces et de perspectives de développement futur.

Ce même bailleur m’avait demandé de faire un nouveau plan, et donc une étude urbaine, pour un autre de ses sites mais un problème de sols pollués a annulé la commande. Je fais quand même le projet que j’irai leur présenter comme cela, le jour où ils décideront de dépolluer, j’espère qu’ils prendront le mien. Eux gagnent du temps et moi je gagne un projet.

Illustration d’un projet. Crédits photo : Atelier urba-T

Après, je réponds à des appels d’offre, je demande à des architectes que je connais de faire une équipe et on prépare le dossier de candidature.

J’ai aussi envoyé un projet pour le concours des Beffrois de la création et je vais participer au PARK(ing) Day le 20 septembre à Lille. D’ailleurs je vous donne rendez-vous parvis Saint-Michel pour réfléchir ensemble sur l’aménagement de la place Philippe Le Bon.

UN : A quelles difficultés as-tu été confronté dans ta démarche de création d’entreprise ?

P.T. : Les démarches pour créer une boite sont simples (dans le cas d’une auto-entreprise), le plus difficile est de trouver des contrats, comme je suis tout nouveau sur la scène urbaine, il faut que je me fasse connaitre et pour cela il faut des références.

Heureusement, j’ai des amis architectes qui m’aident et me proposent de faire des projets ensemble, maintenant il faut gagner les appels d’offre.

D’ailleurs je remercie André Sandt qui m’a donné mon premier projet, tu ne peux pas savoir à quel point c’est agréable d’avoir quelqu’un qui vous aide et vous fait confiance.

J’ai aussi des personnes de mon réseau qui sont emballées par ma création d’entreprise et me mettent en contact avec des gens auquel je n’aurai jamais eu accès seul. Même s’ils n’ont pas de travail à me donner, ils ont toujours de bons conseils et savent que j’existe désormais.

Être encouragé et soutenu, c’est très important quand tu commences, ça te booste et te permet de garder le moral quand la situation est compliquée.

UN : Quelles sont tes perspectives ?

P.T. : Je n’ai pas fait de plan précis, mais d’ici un an, j’aimerai avoir un local (pour l’instant je travaille de chez moi) et avoir assez de boulot pour embaucher.

Avec les prochaines élections municipales, j’espère que les marchés publics vont se multiplier et donc avoir l’occasion de remporter quelques projets.

A l’avenir, j’aimerai avoir une petite équipe. Je veux que la production soit mon occupation principale et c’est plus constructif et agréable de travailler à plusieurs.

UN : Ta vision de entrepreneuriat en France a-t-elle évoluée suite à ta démarche ?

P.T. : Forcément. Même si pour l’instant je suis auto-entrepreneur et donc mes démarches sont plus simples, je vois bien que ce statut n’est qu’un début et que je vais devoir rapidement évoluer. Ca fait bizarre au début de ne pas faire que de la production, comme quand tu es embauché dans une agence ou une collectivité. Là, je dois gérer l’administratif, je dois démarcher etc… J’ai eu du mal à me dire au début que ça fait partie du travail. En gros , je découvre le travail du patron et c’est plutôt sympa.

UN : Quels conseils peux-tu donner à de jeunes urbanistes qui souhaiteraient comme toi créer leur entreprise ?

P.T. : Créez vous un réseau, c’est le plus important, vous avez beau être le meilleur du monde, si vous ne connaissez personne vos compétences ne servent à rien. Bien sûr il vous faut des références. Et de la patience !

UN : Maintenant, comment te présentes-tu en soirée ?

P.T. : Comme un urbaniste. Quand on me demande où je travaille, j’explique que j’ai créé ma boite, ça intrigue en période de crise mais je vois que beaucoup de gens ont cette idée d’être leur propre patron en tête.

Je remarque que plus en plus de personnes commencent à connaitre le boulot d’urbaniste, même si on me demande souvent la différence avec un architecte. Mais on a une super bonne image.

J’espère que d’ici quelques temps je pourrais me présenter comme celui qui a participé à tel ou tel projet urbain.


Pour en savoir plus sur l’atelier urba-T, nous vous invitons à consulter le site internet de l’entreprise ou à le contacter directement :

contact@atelierurba-t.fr
07 81 10 49 82

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