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Le fabuleux destin d’un usager Autolib’ optimiste

Autolib, cet ambitieux service d’autopartage électrique de la ville de Paris, rencontre un début difficile. Victime de vandalisme, pannes, accidents, à peine un mois après son lancement officiel, on constate que 15% de la flotte, soit 250 véhicules, se retrouve régulièrement en réparation à Vaucresson (92). Regardez plutôt :

Mais bien sûr, certains sont optimistes et voient en Autolib’ un potentiel encore inexploité. Un projet qui mérite un second regard, plus prospectif, quand les parisiens auront fait de cet élément dont ils n’avaient à priori pas besoin, un outil indispensable, à l’instar du smartphone.

Le fabuleux destin d’un usager Autolib’ optimiste.

Après avoir programmé son Autolib’, un homme, Monsieur Quincampoix, se rend compte qu’un joli kébab-frites sauce samouraï entamé repose sur le siège passager. Mais M. Quincampoix est plutôt du genre optimiste, au sens où il aime appliquer avec soin les douces règles d’or de la science de l’optimisme, à savoir : vigilance, curiosité, capacité à rebondir et altruisme. Il était persuadé qu’en suivant ces principes fondamentaux il alimentait chaque jour davantage son potentiel de « chance ». Selon lui, ce kébab n’était pas le fruit du hasard et, dans un élan de courage extrême, sa main armée de mouchoirs-kleenex plongea dans la sauce samouraï et frotta le siège passager. Frotter sans vergogne, comme si quelque chose de particulier se cachait sous ce lit de frites. En effet, adepte de la psychologie positive, ce grand homme ne se contente pas de focaliser sur le beau, le souhaitable, pour le faire advenir. Il embrasse le réel, intègre le mal, le laid, l’indésirable, pour tenter d’en faire une matière première, un carburant, une nouvelle occasion de rebondir. Rebondir grâce au kébab, pourquoi pas ? Et même si M. Quincampoix n’a, évidemment, rien trouvé sous le festin junk-food, cela faisait parti d’une expérience intéressante parmi d’autres.

Intéressante expérience, certes, on pourrait imaginer plus tard qu’une telle surprise culinaire ne soit pas indésirable mais plutôt inattendue, voire presque excitante. « Tiens, que vais-je rencontrer au prochain Autolib ? », ou mieux encore « qui vais-je rencontrer sur le siège passager ? » pour tous les célibataires parisiens en manque d’amour et d’affection. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui tous ces phares et rétroviseurs cassés, ces déchets intra-véhicule, les pannes à répétition, etc. sont autant d’éléments dissuasifs pour l’usager. Usager parisien qui, soit-dit-en-passant, préfère en grande majorité utiliser la marche et le métro pour se déplacer. On pourrait penser qu’Autolib’ n’est donc pas un projet réussi mais nous sommes quand même bien curieux de voir ce que cela donnera quand ce service sera étendu sur toute la petite couronne. L’autolib’ participera-t-il réellement au désengorgement du boulevard périphérique ? Est-ce réellement une solution « durable » ? J’en doute, du moins pas avec un tel système.

Conscient que l’échec et la souffrance sont bien réels, il faut en accepter l’idée. L’optimiste relativise ses échecs, M. Quincampoix « fera mieux la prochaine fois ». Quelque part, il est optimiste de but et pessimiste de chemin, c’est-à-dire qu’il sait qu’il y arrivera mais que ce ne sera pas sans difficultés et obstacles (cf. « Nous sommes tous des oportunistes », par Patrice Van Eersel publié chez CLES). Il est en perpétuelle quête de nouvelles aventures. Et l’Autolib’ parisien en fait partie.

Enfin, quand on est optimiste, on résiste mieux en cas de coups durs. On suit la doctrine de Churchill : « il faut trouver dans chaque difficulté, une opportunité ». Alors très cher groupe Bolloré, père de l’Autolib’, toi qui n’a pas connu un début facile, toi qui te fait insulter de tout le monde et polluer de kébab-frites-samouraï, soit optimiste.

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