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La conception urbaine en France, une affaire d’architectes ?

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« Tu es urbaniste ? Donc tu conçois des villes ? ». C’est l’assertion, a priori difficilement réfutable, qu’entendent de nombreux urbanistes, lors de leurs dîners en ville ; un bon sens implacable : les villes ont besoin de concepteurs pour se développer et se renouveler. Les urbanistes sont les professionnels du développement urbain, donc ils conçoivent les villes. Le bon sens peut parfois amener des contresens, éléments d’analyse…

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Le marché de la conception urbaine en France : chasse gardée des sociétés d’architecture

[toggle title= »Préambule : le Grand Prix de l’urbanisme récompense les architectes » state= »open »]Les lauréats du Grand Prix de l’urbanisme depuis sa création : Frédéric Bonnet, Paola Viganò, François Grether, Michel Desvigne, Laurent Théry, François Ascher, David Mangin, Yves Lion, Francis Cuillier, Bernard Reichen, Christian de Portzamparc, Michel Corajoud, Bruno Fortier, Jean-Louis Subileau, Alexandre Chemetoff, Philippe Panerai avec Nathan Starkman, Christian Devillers, Bernard Huet, Antoine Grumbach, Jean Dellus, Jean-François Revert et Michel Steinbach. 

Sur vingt-deux lauréats du Grand Prix de l’urbanisme, décerné chaque année par le Ministre de l’écologie : 15 architectes, 3 paysagistes, 3 économistes, 1 ingénieur, 1 politiste et enfin 2 urbanistes ! Ce prix, conçu pour récompenser principalement des professionnels de la conception urbaine (urban design), reconnaît surtout le talent d’architectes en la matière ; un premier constat. [/toggle]

Conception urbaine, Urban design, Maîtrise d’œuvre : même combat ?

Pour rappel, en France, la commande publique en construction est régie par la loi « MOP » n° 85-704 du 12 juillet 1985 relative à la maîtrise d’ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée. 

Les notions de maîtrise d’ouvrage (MOA) et maîtrise d’œuvre (MOE) sont clairement spécifiées. Le maître d’œuvre est responsable de la conception, tandis que le maître d’ouvrage élabore la commande et contrôle sa bonne exécution. Le maître d’ouvrage peut requérir une aide extérieure, appelée Assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO ou AMOA) pour élaborer la commande ou contrôler sa bonne exécution.

Dans le domaine de l’urbanisme, l’urban planning recoupe donc l’ensemble des activités de maîtrise d’ouvrage de l’urbanisme (y compris l’AMO), tandis que l’urban design concerne l’ensemble des activités de maîtrise d’œuvre. Rien n’empêche toutefois, à la marge, de réaliser quelques tâches d’urban design dès les phases d’élaboration de la commande publique (étude de faisabilité par exemple), mais ce n’est pas obligatoire et systématique.

La conception urbaine ou urban design se retrouve donc très majoritairement du côté de la maîtrise d’œuvre, sans toutefois occulter ses incursions ciblées du côté de l’assistance à maîtrise d’ouvrage.

Le marché des études de conception urbaine : une affaire d’architectes en France, une affaire d’entreprises au niveau mondial.

Le marché français des études de conception urbaine est largement tenu par des « Sociétés d’architecture » (Code APE 71.11Z « Activités d’architecture », dans la Nomenclature d’activités françaises de l’INSEE) et, dans une moindre mesure par des « Sociétés d’ingénierie » (Code APE 71.12B « Ingénierie, études techniques »).

On remarquera par ailleurs que l’INSEE intègre entre autres dans le code 71.11Z  « l’urbanisme et l’architecture paysagère » et « l’activité des agences d’urbanisme » ; de quoi susciter d’emblée un débat, surtout quand on connaît les attributions et le périmètre des agences d’urbanisme en France ; abus de langage quand tu nous tiens…

Parmi ces sociétés d’architecture, on retrouve dans la foule, les « starchitectes » de la consultation internationale sur le Grand Paris, dont certains sont Grand Prix de l’urbanisme :

Pourtant au niveau mondial, ce sont de grandes sociétés généralistes de conseil et d’ingénierie, la plupart du temps anglo-saxonnes, qui dominent le marché (cf. Classement ENR 150 des plus grosses design firms dans le Monde), avec des chiffres d’affaires et des effectifs bien supérieurs aux petites sociétés d’architecture ou même d’ingénierie françaises. La première entreprise française, Technip, se place 28e. Elle s’est spécialisée dans les secteurs de la chimie et de l’énergie (conception d’usines, de centrales électriques, etc.)…

Les dix premières international design firms en 2014, dans le Monde, selon le classement ENR Top 150

Dans le domaine de l’urbanisme, le premier groupe français, Egis se classe en 37e position. Aucune société d’architecture française n’est en mesure de présenter un chiffre d’affaires suffisant pour entrer dans le top 150 mondial.

Plus que le seul chiffre d’affaires, c’est en se penchant davantage sur le périmètre d’activités de ces méga-entreprises que l’on saisit leur force : elles sont généralistes et intégrées. Elles offrent le spectre complet des prestations depuis le conseil jusqu’à la construction, voire l’exploitation, tout en travaillant sur de très nombreux marchés, y compris l’urbanisme.

En atteignant une masse critique de chiffre d’affaires, elles sont en mesure de diversifier leurs prestations et d’embaucher des profils très spécialisés, dont des urban designers de métier, voire de formation !

En France, selon Le Moniteur du 23 janvier 2015, les deux premières agences d’architecture en chiffre d’affaires étaient, en 2014, ADPI (filiale d’Aéroports de Paris) et AREP (filiale de la SNCF). Ces deux entreprises sont pourtant inscrites sous le régime de sociétés d’ingénierie… Ces dernières sont également largement impliquées dans des projets à l’étranger. De là à faire le rapprochement, il n’y a qu’un pas…

Classement des cinquante premières agences d’architecture selon le Moniteur en 2015

L’Ordre des architectes sclérose la croissance et la maturation du marché français de l’urban design ?

Où trouver alors la réponse à la domination des architectes et de leurs sociétés sur les prestations de conception urbaine en France ? Parce qu’ils sont tout d’abord les plus compétents.

À l’heure actuelle, les grosses sociétés d’architecture, ou petites sociétés s’étant spécialisées sur la niche de la conception urbaine sont compétentes pour composer et concevoir les villes. Mais les architectes n’agissent pas seuls. Les paysagistes peuvent parfois intervenir sur la composition urbaine (et végétale), les ingénieurs conçoivent les voiries et réseaux divers, les designers choisissent et/ou conçoivent le mobilier urbain, etc. Quelques urbanistes peuvent éventuellement percer en maîtrise d’œuvre, par leur maîtrise spécifique de certains outils, leur capacité rédactionnelle ou de management de projets.

On trouve également partie de la réponse dans la réglementation de la profession d’architecte en France. La loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture, a structuré le fonctionnement des sociétés d’architecture, particulièrement les règles de possession au nom de « la stricte indépendance de la profession d’architecte », férocement défendue par l’Ordre des architectes, fondé au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.

[toggle title= »Loi n°77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture, Article 13″ state= »close » ]« […] 2° Plus de la moitié du capital social et des droits de vote doivent être détenus par un ou plusieurs architectes personnes physiques […] ou éventuellement par des sociétés d’architecture. […] 3° Les personnes morales associées qui ne sont pas des sociétés d’architecture ne peuvent pas détenir plus de 25 % du capital social et des droits de vote des sociétés d’architecture » [/toggle]

Ce principe, noble sur le papier, mériterait d’être rapidement et sérieusement questionné si l’on espère qu’un jour la conception urbaine « à la française » soit réellement compétitive au plus haut niveau ; un archaïsme qui coute cher aux entreprises françaises de conseil et d’ingénierie sur le marché mondial.

Seuls un ou plusieurs architectes inscrits à l’Ordre des architectes ont le droit de posséder la majorité des parts d’une société d’architecture (article 13 de la loi n°77-2). En d’autres termes, si une autre entreprise, par exemple une société d’ingénierie, souhaitait acquérir une société d’architecture pour renforcer ses compétences en la matière, elle ne le pourrait pas, du moins en France (les parts sont plafonnées à 25% du capital)… Tout cela n’est pas très sérieux et donne envie d’investir ailleurs et/ou dans d’autres domaines.

Cette réglementation stricte, voulue comme protectrice de l’intérêt général des citoyens, a contribué à isoler et paupériser les sociétés d’architecture. Au final, les architectes se retrouvent avec leurs sociétés, dans un entre-soi peu propice à l’émulation pluridisciplinaire, sans possibilité, au sein d’une seule et même entité juridique, de garantir la diversité des prestations et des compétences. Les architectes jouent les moutons à cinq pattes en s’improvisant designers, graphistes, ingénieurs, paysagistes ou urbanistes…

Alors que la tendance mondiale du marché du conseil, de l’ingénierie et de la conception du cadre naturel et bâti (bâtiments, environnement, infrastructures, villes, territoires, etc.) est à la concentration et à l’intégration des compétences (pluridisciplinarité) et des métiers (conseil, conception, exécution et exploitation), les sociétés d’architecture françaises sont condamnées à rester la propriété d’architectes.

Cette contrainte juridique forte n’a pas été sans conséquence sur le domaine spécifique de l’urban design :

Lors d’appels d’offres en conception urbaine, largement pluridisciplinaires de nos jours, les compétences se retrouvent donc saucissonnées dans des groupements de deux à quatre sociétés (voire plus), selon le schéma primitif « une société, une discipline » ; un très sérieux handicap alors que les maîtres d’ouvrages préféreraient n’avoir qu’un seul interlocuteur et qu’une seule société en face d’eux ; un frein complet dans les marchés internationaux de conception urbaine de premier niveau, face à des concurrents intégrés, plus gros et réellement pluridisciplinaires.

Les urbanistes diplômés travaillant dans la conception urbaine ont au préalable une formation initiale d’architecte

Dans cette structuration socio-professionnelle atypique, les non-architectes (designers, graphistes, ingénieurs, paysagistes, urbanistes, etc.) n’obtiennent qu’une position mineure et souvent précaire.

Les sociétés d’architecture, généralement trop petites, rechercheront en premier lieu des architectes pour garantir leur compétence sur leur cœur de métier. Elles iront sur les autres marchés (design, paysage, urbanisme, etc.) en privilégiant les profils à double-compétence (Architecte-Designer, Architecte-Paysagiste, Architecte-Urbaniste, etc.), afin de prévenir les années de vache maigre.

Seules les plus grosses agences, ou les agences souhaitant se spécialiser (à leurs risques et périls) dans la conception urbaine auront recours à (un peu) plus d’ingénieurs, de paysagistes ou d’urbanistes, voire d’autres profils plus atypiques (designers, graphistes, juristes, etc.). Les places sont toutefois rares et souvent précaires.

Le contexte actuel de raréfaction des ressources publiques en France a par ailleurs montré la faible résilience (pour reprendre une tarte à la crème à la mode dans les dîners urbains) des petites sociétés spécialisées dans la conception urbaine.

Sans toutefois bénéficier de données fiables en la matière, les retours d’expérience obtenus auprès de collègues, connaissances et/ou amis architectes, ingénieurs, paysagistes et urbanistes font part d’une paupérisation et d’une (re)concentration d’un noyau de quelques architectes (éventuellement formés à l’urbanisme en spécialisation) à même de répondre (plus ou moins bien) à tous types de commandes. En période de crise les profanes quittent donc le navire et les architectes jouent les moutons à cinq pattes.

Un urbaniste de formation éprouvera donc de sérieuses difficultés, pour se faire une place pérenne et confortable dans le milieu de la conception urbaine, s’il n’a pas également dans son bagage un diplôme d’architecte…

Les récentes enquêtes du CNJU sur l’insertion professionnelle des jeunes urbanistes ont tendance à décrire ce phénomène. Seuls 8% des emplois pourvus l’ont été au sein de sociétés spécialisées dans la conception urbaine, contre 22% au sein de sociétés spécialistes de l’AMO et 29% au sein des collectivités locales. La conception urbaine reste un domaine minoritaire, largement réservé à des architectes diplômés qui ont souhaité compléter leur cursus (et leur culture de la ville) avec une année (rarement plus) en urbanisme. Et rares sont les architectes diplômés faisant cet effort. Mais les employeurs sont loin d’être les seuls responsables, l’orientation et la formation des urbanistes le sont également.

Les masters d’urbanisme français forment à l’urban planning. Les masters d’architecture français forment à l’urban design

Urban Planner = Master d’urbanisme et Urban Designer = Master d’architecture

Sur les 157 diplômes français de niveau Bac+5/6 formant à titre principal des urbanistes (selon le recensement du CNJU), rares sont ceux formant (sans toutefois effectivement insérer sur le marché du travail) à la conception urbaine.

Historiquement, la quasi-totalité de ces diplômes forme, au sens du référentiel métier de l’Office professionnel de qualification des urbanistes (OPQU), et dans l’ordre d’importance à :

Les masters d’urbanisme français forment donc des urban planners, à l’image des masters d’urban planning anglo-saxons, largement majoritaires en nombre dans ces pays face aux masters d’urban design. Ces derniers y sont d’ailleurs en grande concurrence avec les Masters d’architecture et de landscape architecture pour les débouchés de la conception urbaine et spatiale. Au Royaume-Uni par exemple, le Royal institute of british architects (RIBA) tend à prendre la main sur l’urban design, face au Royal town planning institute (RTPI), comme en témoigne l’offre de formation grandissante en conception urbaine offerte dans le cadre des cursus d’architecte.

On notera toutefois que la place des urban planners n’est pas si autonome en Italie, où les architectes contrôlent l’accès à la pratique de l’urbanisme et en Espagne où les ingénieurs gardent la main.

Souvenons-nous qu’il n’y a pas si longtemps en France, les ingénieurs des corps des « eaux et forêts », des « ponts et chaussées » et des « travaux publics de l’État » faisaient la pluie et le beau temps de l’urban planning, associés aux administrateurs et aux Préfets, généralement issus de l’ÉNA… Fort heureusement, ce temps est révolu, nos villes s’en souviennent encore…

À partir de 1982 et des lois de décentralisation, ces corps, du moins leurs directions déconcentrées (issues du ministère de l’Équipement) n’ont plus été automatiquement requises et les collectivités locales ont massivement embauché des urbanistes de formation pour reprendre ces tâches. Le marché de la consultance privée a également massivement embauché ces profils de nouvelle génération.

La fermeture du concours d’ingénieur territorial aux urbanistes diplômés a représenté en ce sens un inquiétant retour en arrière, mettant sur un piédestal illégitime des architectes, ingénieurs et géomètres-experts ne bénéficiant pas de la formation suffisante dans le domaine ; une curieuse nostalgie technico-scientifique d’un temps révolu. Rappelons donc à certains que De Gaulle et Pompidou sont morts depuis plusieurs décennies…

Mais revenons-en à la question essentielle : Où doit-on alors aller pour être formé à la conception urbaine en France ? Principalement dans un cursus d’architecte ou (éventuellement) dans un cursus de paysagiste, ce qui n’interdit pas d’autres parcours !

Ce sont les formations les plus pertinentes pour bénéficier de compétences suffisantes en conception. Nombreuses sont les écoles d’architecture français à proposer, dans le cadre d’options du cursus d’architecte ou de diplômes complémentaires (DSA) une formation au « projet urbain » ; élégant cache-sexe pour parler de conception urbaine ou d’urban design.

Selon le blog « Urbano Format », 17 Spécialités/Options/Mineures de Master d’architecture et 4 DSA/Diplôme complémentaires en conception urbaine sont actuellement offerts par les écoles d’architecture françaises. Les cursus en paysage restent en revanche assez généralistes sans réelle distinction de mineures ou d’options en conception urbaine ; assez logique quand la profession de paysagiste essaye déjà d’affirmer son autonomie, aux côtés des architectes et des ingénieurs.

Reconnaissons-donc la parenté des écoles d’architecture sur l’urban design français et leur plus grande maîtrise des disciplines y concourant.

De la mauvaise orientation à la grande désillusion

Nombreux (peut-être trop ?) sont les jeunes lycéens ou étudiants (très souvent géographes de formation initiale selon le CNJU) qui entrevoient leur carrière d’urbaniste, en apprenti Maire-Architecte-Ingénieur-Paysagiste-Promoteur-Constructeur-Despote, comme dans le jeu vidéo Sim City, développé à partir de 1989, par la société Maxis.

La première version du jeu vidéo Sim City en 1989

L’aspect formel, pictural de l’urbanisme domine les imaginaires collectifs. Après tout, qui pourrait rêver, avant ses 25 ans, de procédures de concertation et de bilans de ZAC ? En fait, qui peut en rêver tout court ? L’image l’emporte toujours sur le verbe, et encore plus sur la procédure…

Du côté des centres d’information et d’orientation (CIO) des collèges et lycées ou des permanences d’accueil, d’information et d’orientation (PAIO), peu ou pas d’information pertinente existe sur les différentes carrières possibles dans le domaine de l’urbanisme.

Du côté des instituts d’urbanisme, ce n’est guère mieux. Certaines équipes enseignantes ont tendance à entretenir le flou artistique régnant autour des débouchés professionnels de leur(s) formation(s) sans clairement indiquer à leurs étudiants qu’une carrière dans l’urban design sera longue et difficile, tout particulièrement pour les économistes, géographes, historiens, philosophes, sociologues et autres sciences humaines et sociales de formation initiale.

Certains comme l’Institut d’urbanisme et d’aménagement régional d’Aix-en-Provence (IUAR) ou l’Institut d’urbanisme de Grenoble (IUG) ont été jusqu’à créer des spécialités « Design urbain » au sein de leur Master ; projets ambitieux et risqués en concurrence frontale avec les formations d’architecte et de paysagiste.

Résultat des courses, l’IUAR a suspendu le recrutement de sa spécialité en 2014-2015 (faute de débouchés et/ou de candidats ?) et l’Agence d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche (AERES) a accueilli très froidement par la note C (la plus mauvaise note ; voir le rapport ici), la spécialité « Design urbain » de l’IUG. Cette évaluation date toutefois de 2010. Depuis aucune évaluation n’a été réalisée par le Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES, qui a succédé à l’AERES).

Nb. Depuis la parution de cette tribune l’Institut d’urbanisme de Grenoble m’a directement contacté pour rectifier ce jugement à l’égard de la spécialité « Design urbain » de son Master. Depuis 2010, et l’évaluation très sévère de l’AERES, l’IUG a refondé la formation. Dont acte. Pour autant, aucune information sur l’insertion professionnelle des diplômés de la spécialité ou tout autre document démontrant l’amélioration sensible de la formation (évaluation ministérielle, etc.), n’a été communiqué par l’IUG.

Du côté des écoles d’architectures publiques (17 ENSA, 2 ENSAP et 1 EAVT) ou privées (ESA et Confluence), les étudiants ont le choix de suivre des enseignements d’options en urban design ou encore de suivre une année de formation complémentaire dans un diplôme de spécialisation et d’approfondissement en architecture (DSA) mention « Architecture et projet urbain » (à l’ENSA Paris-Belleville, à l’ENSA Paris-La Villette ou à l’EAVT Marne-la-Vallée). Les écoles privées proposent le même type de formation avec un DES « Mutation urbaines » pour l’ESA Paris et un Master « Urban design » pour Confluence.

Des retours obtenus, nombreux sont les diplômés en difficulté, particulièrement ceux n’ayant aucune autre formation initiale en conception, pour trouver une place au sein des sociétés d’architecture, dans le contexte actuel de contraction de la commande publique en construction.

La filière de formation en urban design est encore embryonnaire en France

Nous avons donc en France sept formations supérieures de niveau BAC+5/6 formant spécifiquement et à titre principal des concepteurs urbains ou urban designers. Face aux 157 diplômes français d’urban planning, l’offre de formation est donc anecdotique, pour la simple raison que la plupart des concepteurs urbains ont directement un diplôme d’architecte ou de paysagiste.

Cette offre de formation joue néanmoins un double-rôle peu noble :

Cette pratique professionnelle ne s’est pas encore autonomisée. Seule l’expression « Architecte-Urbaniste » tend à émerger pour désigner ces professionnels de la conception urbaine ; la parenté avec la profession d’architecte y est éclatante.

À ce sujet, notons l’existence du DSA appelé « Architecte-Urbaniste », délivré par l’École d’architecture de la ville et des territoires (EAVT), à Marne-la-Vallée dont l’accès est réservé aux seuls architectes et paysagistes… Exit les urbanistes de formation initiale…

À l’image de l’appel d’air créé par la décentralisation, qui a permis l’explosion du nombre de formations universitaires en urban planning, une réforme de la loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture et une meilleure concentration de la consultance privée pourraient renforcer l’attractivité des cursus en conception urbaine.

En attendant, un cursus d’architecte semble être plus raisonnable…

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