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YesWeCamp : une utopie devenue réalité ?

YesWeCamp n’avait pas encore son article dédié sur UrbaNews.fr et pourtant cette initiative originale et innovante offre une perspective renouvelée de la friche, du camping et du village urbain.

Décrit comme une « mini-ville de 200 habitants avec des constructions low-cost et low-tech » par ses commentateurs, YesWeCamp est un camping culturel, artistique, expérimental, alternatif et festif, mêlant écologie et architectures performatives développé à l’occasion du Off de Marseille Provence 2013.

Ce projet original imaginé et rendu possible par la rencontre entre Olivier Bedu, « architecte campeur » créateur du Cabanon Vertical, et Eric Pringels, fondateur de Marseille Off 2013, prend de plus en plus d’ampleur dans les médias et sur les réseaux sociaux depuis son lancement officiel en mai dernier.

À l’origine, l’idée du projet est de fabriquer un lieu avec de nombreuses activités et ouvert à tous. Une utopie devenue réalité, YesWeCamp associe à la fois un évènement permanent, créatif, familial et festif et un lieu de rencontre, de rêveries et de fabrications. Victime de son succès l’organisation s’est fendue d’une newsletter estivale « mode d’emploi » tellement la programmation du site est multiple.

Le camping est installé sur une ancienne friche prêtée par le port autonome située sur les quais de l’Estaque dans les quartiers Nord de la capitale phocéenne. Franck Sourti, directeur technique du projet, espère que le projet aidera à « démystifier la réputation de ces quartiers nord ». Des quartiers en pleine évolution puisqu’ils sont emprunts de mixité sociale. Jacque Vialle, instituteur à l’école Estaque Gare (classée ZEP), qualifie l’endroit de « marmite » estaquéenne située entre des quartiers populaire et une zone qui commence à se gentrifier. Le journal du Off préfère quant à lui faire un parallèle entre Marseille et ce « joyeux bordel organisé, fait avec les moyens du bord, dans une logique associative et participative […] le tout au cœur des quartiers Nords, grands oubliés du raout de 2013. »

Chantiers collectifs et laboratoire d’urbanisme

Le projet est officieusement lancé depuis la mi-mars lorsque des dizaines de bricoleurs, architectes, voisins, artistes et volontaires se regroupent sur le quai de la Lave à L’Estaque pour relooker caravanes et bateaux, installer des infrastructures eau et électricité, construire des cabanons, aménager des douches écologiques, construire du mobilier urbain. En parallèle, des partenariats sont développés avec des lycées professionnels, des écoles de la deuxième chance et des associations locales.

« Ce projet a un côté débrouille et une intelligence propre, conformes à la manière de faire à Marseille. Il n’avait de sens que si les gens se l’appropriaient. Le terreau est fertile, les gens sont impliqués, et organisés. On a rencontré les commerçants, les élus, les acteurs sociaux, on est une sorte d’équipement public pour eux. » explique Nicolas Détrie, directeur du site.

Derrière ce vaste atelier à ciel ouvert, le projet cache une philosophie bien trempée ; faire cohabiter des centaines de personnes tout en inventant la ville écologique éphémère, comme l’explique Nicolas Détrie ; « faire des cabanes on sait, mais une ville écologique c’est ambitieux ».

Ce projet expérimental s’inspire du modèle du village urbain, un microcosme perméable et convivial qui fait pourtant du projet un véritable laboratoire d’urbanisme et d’écologie comme l’explique Eric Pringels :

« Ce camping ouvre un espace et un temps pour expérimenter une nouvelle pratique d’habitation urbaine. Cette expérience est un mélange entre l’architecture contemporaine, les pratiques écologiques et les campements de Roms, sans chercher cependant à être dans un militantisme direct. »

Mais YesWeCamp, c’est surtout un terrain de jeu grandeur nature pour des architectes qui se sont amusés à construire des structures temporaires esthétiques et innovantes, à partir de matériaux récupérés.

Côté camping

Côté camping, YesWeCamp assure restauration, hébergement, commodités et activités. Entre 120 et 200 places d’hébergement sont disponibles dans différents types de structures construites pendant la période de chantier et en perpétuelle évolution.

Le quai de l’Estaque offre trois types d’espaces. Les espaces communs proposent restauration, bar associatif, ateliers de production et de fabrication d’objets, cinéma, spectacles, lieux de repos, jardinage et autres projets innovants comme la ruche Abeille Provence 2013.

Les espaces d’hébergements ; une quinzaine d’expériences nocturnes peuvent être menées dans des structures toutes aussi originales les unes que les autres. L’organisation assure que « les chambres auront des lits, de la lumière, un casier sécurisé, des rangements… Et le petit-déjeuner « Plaisir » vue sur mer sera tout à fait inoubliable. »

Les sanitaires offrent le « must du must » écologique ; toilettes sèches non-odorantes, douches à chauffage solaire, bacs de compostage, rafraîchissement par végétalisation du site et vélos laveurs.

Alors « pour que l’audace transforme la ville » YesWeCamp un concept de village éphémère sans frontière ? En tout cas c’est ce que Manon Loisel évoque sur son Blog Le Monde en émettant la possibilité de voir une telle initiative se développer au Brésil en 2014.

Catégorie:France, Urbanisme
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L'auteur
Rémy Vigneron

Titulaire d'un master d'urbanisme (IUG),actuellement en thèse d'architecture sur la figure du périurbain durable.

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