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Le rooftopping : de la photographie au défi russe

Dans la famille de la ville ludique mais kamikaze, je voudrais le « rooftopping ». A l’origine de cette étrange pratique urbaine, il y avait un type, un photographe canadien un peu fou, Tom Ryaboi. Un mec pour qui grimper en haut d’un restaurant panoramique de Toronto ne suffisait pas. Un mec qui ne voulait rien, pas même une vitre ou une barrière entre lui, l’immensité de la ville face à son regard et le vide sous ses pieds. Alors en 2007, comme il rêvait de plus en plus d’escapades nocturnes à la cime des immeubles, il a pris son appareil photo et il s’est posté sur le toit d’un building de sa ville (Toronto) : le rooftopping était né.

Tom Ryaboi en plein shooting en haut d'une tour

Tom Ryaboi en plein shooting en haut d’une tour

A l’origine donc, il y a la photo et les rêves de ce canadien qu’aucun psychiatre décemment sain d’esprit ne diagnostiquerait comme souffrant d’acrophobie. Il y a l’amour de la ville, de son étendue infinie, de ses reflets et de ses lumières. L’amour des gratte-ciels qu’elle dessine et du vide qu’elle contemple.

Oui, c’était beau, mais voilà ; alors que la discipline artistico-kamikaze s’est peu à peu installée en Amérique du Nord et en Asie, et que le travail de Tom Ryaboi a commencé à être connu, on a vu se multiplier les copiés inconscients, les coups d’éclats parfois fatals de certains gamins ou de pseudo artistes en mal de reconnaissance.

En Russie, terre de Vladimir Poutine et de Vodka frelatée, le rooftopping  a muté, passant d’une « étude artistique » à un trip pour jeunes actifs désabusés. De la ville et de ses hauteurs, il a également migré partout ou l’homme a édifié des structures vertigineuses : ponts à haubans, antennes télé  et radio, grues abandonnées, etc.

Aujourd’hui, en Russie ou ailleurs, le rooftopping est devenu un défi qu’on se lance entre potes pour impressionner le reste du monde et peut être cette fille croisée au détour d’un bar de la banlieue moscovite. Alors on ne se contente plus de photographies, et on filme ses exploits pour les poster sur Youtube. On doit se dire qu’on frôle la mort, qu’on se sent exister et blablabla… jusqu’à la chute prochaine.

D’un certain état de l’art photographique urbain, le rooftopping s’est transformé en un sport dangereux, dénué de toutes règles. Ah, si, il y en a une qui perdure tout de même : ne t’arrêtes que si tu tombes, sinon, beinh, monte j’te dis!

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L'auteur
Josselin Thonnelier

Diplômé de l'Institut d'Urbanisme de Grenoble en Urbanisme et Projet Urbain, de l'Université de Poitiers et de Moncton (Canada) en Géographie et Sciences Politiques.

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