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Transports : Les fausses bonnes idées selon la FNAUT

Le 16 septembre dernier, la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports (FNAUT) a présenté lors d’une conférence de presse, un florilège de fausses bonnes idées communément admises mais engendrant, selon elle, « des débats stériles, des pertes de temps et des gaspillages d’argent public« .

Dans son communiqué de presse du même jour, ce sont ainsi 20 exemples de ces fausses bonnes idées que la FNAUT présente, regroupés en thématiques distinctes. Plus qu’un document technique détaillé, ce communiqué est une synthèse permettant de se faire une idée des positions de la fédérations sur les innovations ou utilisations des transports parmi les plus médiatisées, souvent présentées comme vertueuses.

Les transports urbains

Si la FNAUT insiste sur l’étroitesse du réseau de pertinence des téléphériques urbains tout en questionnant leur coût réel et les problèmes d’accessibilité qu’ils posent, elle n’hésite pas à qualifier « d’invention inutile » les Tramways sur pneus. Ces véhicules combinant théoriquement les avantages du tram et des bus à haut niveau de services dans lesquels l’état misait beaucoup.

Les villes de Caen et de Nancy qui ont adopté le système rencontrent par exemple de nombreuses difficultés. Ces dernières ont même signé une convention en février dernier afin de mutualiser leurs forces pour maintenir leur réseau, dont elles sont dépendantes mais qui leur coûte très cher (les déraillements fréquents et la maintenance dix fois plus importante que prévue).

Des véhicules adaptés sont une première bonne réponse à l’organisation des transports, mais leur usage est également pointé du doigt par ce rapport. Ainsi, la montée par l’avant dans les bus, censée limiter la fraude, est pointée du doigt. Mal respectée, génératrice d’attentes, de gênes, elle amène des retards fréquents sur les lignes. Si la FNAUT préconise des contrôles plus fréquents pour juguler la fraude, d’autres villes trouvent des solutions plus … inattendues. Ainsi pour éviter les bousculades et les retards, les Lyonnais sont désormais priés de prendre leur billet à l’avance afin de ne pas bloquer l’accès des usagers en en demandant un au chauffeur. Par quel moyen ? Par l’augmentation du prix du billet dans les transports (1€60 en machine, 2€ à bord).

Le Tramway sur pneu, une "invention inutile" selon la FNAUT

Le Tramway sur pneu, une "invention inutile" selon la FNAUT

Quant à la solution de la gratuité des transports, elle est également jugée contre-productive par la FNAUT. Selon elle, « ce qui intéresse en priorité les usagers actuels ou potentiels, c’est la fréquence, la fiabilité, le confort, un meilleur maillage du territoire« . L’application d’une tarification sociale permettant un accès des transports en commun au plus grand nombre est ainsi jugée comme plus pertinente, car dotant la collectivité de ressources plus importantes alors même que le nombre d’usagers va croissant. La mise en place d’une tarification unique multimodale va-elle dans ce sens ? Montbélliard tente actuellement l’expérience avec son service Ah ! La carte !, permettant l’accès au service d’autopartage, de transports en commun (et à terme de trains régionaux) à partir d’un même abonnement.

L’évolution de la voiture

Les services de location de véhicules n’ont cependant pas la côte auprès de la FNAUT. Encourageant le recours irréfléchi à la voiture, d’une rentabilité économique douteuse (voir l’article cité plus haut), l’autopartage type Vélo’V ne constitue pas une solution réellement durable et l’étude lui préfère le développement du covoiturage, voire du taxi. Si cette dernière solution peut laisser perplexe en France, s’inspirer de ce qui se fait dans d’autres pays en la matière ne serait peut-être pas inintéressant.

L'autolib' ? Pas du goût de la FNAUT

On le sait, la voiture est très souvent pointée du doigt pour son impact écologique et les constructeurs s’échinent à présenter des modèles toujours plus « verts », voitures électriques en tête. Lecteurs et lectrices d’Urbanews vous le savez déjà probablement, mais celles-ci ne sont pas l’avenir de la ville durable. La FNAUT se joint à cette analyse du centre d’analyse stratégique et met en avant d’autres arguments dont la taille des voitures électriques, identique à celle des voitures thermiques, qui ne résout en rien leur omniprésence dans les centres urbains. Celles-ce posent donc les mêmes problèmes d’aménagement que leurs homologues thermiques : stationnement, déplacements, embouteillages.

Les errances urbanistiques

Prêts à Taux Zéro, PTZ+, ces avantages destinés à favoriser l’accès à la propriété, ont à la fois mis la priorité sur le neuf et ont participé à l’augmentation du prix de l’immobilier. l’urbanisation diffuse qui en résulte est, selon la FNAUT, d’autant plus dommageable que les ménages les plus pauvres sont contraints à faire construire de plus en plus loin des centres, poussés par des terrains qui y sont toujours plus onéreux.

Parallèlement à cette fuite des villes (pour les moins aisés), la construction des gares TGV en périphérie n’aurait ainsi pas l’effet escompté et ni les entreprises, ni les usagers n’en tireraient profit, notamment à cause de connexions insuffisantes avec les réseaux régionaux. Trop souvent lubies l’élus, ces gares qui permettent un accès direct de ces derniers à la capitale provoquent également un effet tunnel terrible pour les territoires interstitiels.

La politique du rail

Si l’implantation des gares TGV, on a pu le constater, est vivement critiquée, la mise en place du LGV est cependant jugée satisfaisante (en dehors du tronçon Alpes-Atlantique, qualifié de « rêve »), allant à l’encontre d’une opinion écologiste émergente. Deux raisons principales à cela : La saturation du réseau classique qui aurait tout avantage à voir le LGV le soulager, et la redistribution des fonds en cas d’abandon du LGV, que la FNAUT juge plus probable de voir redirigés dans le financement de nouvelles autoroutes que dans la modernisation des réseaux ferrés existants.

Plus terre à terre, la décision de Dominique BUSSERAU de supprimer les passages à niveau lors de réouverture de lignes est jugée « absurde », le coût de la suppression progressive des 15 000 passages à niveau recensés étant démesuré alors que seuls 350 sont considérés comme particulièrement dangereux. Le coût de la suppression d’un passage à niveau (donc de la construction d’un ouvrage d’art) pourrait ainsi servir à en sécuriser plusieurs.

Quant au problème du fret, la FNAUT juge que son avenir n’est pas dans la mise en place d »innovations de ruptures » telles que le Road-Shift-Rail mais dans une intégration plus poussée de systèmes plus simple : Ferroutage, Freins électroniques, attelage automatique.

Quelle conclusion ?

Entre innovation, pragmatisme et veille technologique, le FNAUT dresse un bilan contrasté des expérimentations en vigueur. Pointant du doigt les changements radicaux, la fédération préconise ainsi des avancées prudentes, allant d’avantage dans le sens de l’usager (faut-il rappeler la signification de FNAUT ?) : informations, billetiques, tarifications, intermodalités, autant de pistes que la fédération considèrent comme centrales.

Vous pouvez retrouver le texte intégrale des fausses bonnes idées à cette adresse.

Catégorie:France, Transports
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L'auteur
Jérémy Berdou

Cofondateur d'Urbanews.fr. Chargé d'études Environnement & Territoire chez Girus Viadeo | LinkedIn

2 Commentaires

  • 21 juillet 2012 à 21:01

    avant de jeter aux orties le procédé r-shift-r, vous devriez avoir au moins la pertinence de vous renseigner sur ce système, qui vient d’ailleurs de recevoir le prix du meilleur projet européen.
    cdt
    olivier cabanel

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    • 27 juillet 2012 à 16:41
      denis

      on est loin du low-tech avec ce système. Cela ressemble au système utilisé par des grands ports comme hambourg ou rotterdam pour déchargé plus rapidement des grands porte-conteneurs. Mais dans le cas des ports, on est dans une logique d’extrême standardisation et on résonne sur des couloirs de flux géant entre quelques ports dans le monde.

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