La tour Elithis affiche son bilan

Après 1 an passé dans sa tour, le groupe Elithis a présenté son bilan énergétique.

Relayée par toutes les grandes parutions de l’urbanisme et du bâtiment, la nouvelle fait sensation. La tour Elithis avait en effet été construite dans l’optique d’être un « bâtiment à énergie positive » bardée de trouvailles technologiques, de matériaux innovants et ayant mis en place une concertation poussée avec ses utilisateurs.

La tour Elithis ... sobre et esthétique ! @ tour-elithis

Rencontré lors de la conférence « Les tours en débat » du CAUE du Rhône, Jean-Marie Charpentier de chez Arte Charpentier (l’agence ayant conçu la tour) nous avait ainsi largement vanté les bienfaits de cette cette dernière, avançant que les 20% d’économie qui manquaient pour atteindre les objectifs énergétiques de la tour, l’avaient été grâce aux échanges menés entre les futurs occupants et les techniciens. Dépassant les attentes, ces rencontres avaient même été à l’origine de solutions auxquelles l’architecte ne s’attendait pas du tout, comme faire travailler les agences de nettoyage durant la pause de midi au lieu d’allumer l’édifice de nuit. Une solution simple et pourtant si économe d’énergie !

A l’heure du bilan

Autant le dire tout de suite, malgré le double vitrage à argon, le rapport de 1m² de panneaux photovoltaïques pour 11m² SHON et le nouvel horaire des aspirateurs, la tour Elithis n’est pas un bâtiment à énergie positive, mais reste un bâtiment exemplaire.

Ainsi, Jean-Maris Charpentier avait raison de se préoccuper de l’usage fait de sa tour, puisque c’est essentiellement les activités professionnelles qui plombent le bilan final. En effet, que ce soit au niveau du rafraichissement, des ascenseurs ou de l’éclairage, les résultats mesurés sont meilleurs que prévus, et même dans le cas de la ventilation qui est un poste important, l’excès rencontré reste faible (14,08 kWhep/m²Shon/an au lieu de 13,1 kWhep/m²Shon/an prévus).

Un superbe tableau fait sous Calc

Pourquoi alors un tel écart entre ces réussites réelles, parfois même bien meilleures que prévues, et les dépenses énergétiques que l’on observe au niveau des activités professionnelles, presque deux fois supérieures aux objectifs initiaux ?

Un concept encore jeune et à roder

Sur une première année d’existence, difficile en effet de juger un tel projet. De nombreux réglages sont encore à effectuer, et un meilleur équilibrage est à trouver. Nul doute que ce premier bilan sera une aide précieuse dans cette démarche.

Une petite thermographie pour se faire une idée ? @tour-elithis

Relayé par Le Moniteur, Thierry Bièvre parle ainsi « d’échec assumé » pour les questions de gestion du parc informatique. Malgré un équipement important du groupe Elithis en ordinateurs portables peu gourmants en énergie, tous les occupants de la tour n’ont cependant pas été sensibilisés dans une même mesure, et des disparités sont alors inévitables. « Même l’Ademe Bourgogne qui occupe tout le 5e étage est loin d’avoir équipé toutes ses équipes d’ordinateurs portables. » peut on ainsi lire sur Le Moniteur.
Ce facteur additionné au recours à des serveurs allumés en permanence, les dépenses ne pouvaient en effet être aussi faible que prévues.

Un trop plein d’optimisme dans l’estimation des besoins de la tour ? Probablement si on en juge les faits. Sans compter la gestion du parc informatique, très gourmand, les concepteurs ont en effet vu un peu juste en imaginant la température de 20° comme étant une température de confort. Une erreur qui coûte cher puisque la seule augmentation de 2° de chauffage pour atteindre un niveau agréable a ainsi fait tripler la consommation de la chaudière à bois.
Plus cocasse encore, l’escalier est une exception dans le bâtiment puisque ne bénéficiant pas de lumière naturelle (75% de l’enveloppe du bâtiment est vitrée). Celui-ci consomme donc davantage que l’ascenseur à cause des éclairages présents sur les 9 étages que compte l’édifice.

Un bilan encourageant dans le domaine de l’immeuble tertiaire écologique

Malgré ces dépassements importants de consommation, la tour Elithis demeure néanmoins un bâtiment BBC consommant donc moins de 50 kWhep/m²Shon/an. Et même si la tour n’était occupée qu’à 56% (toujours selon Le Moniteur), de nombreuses pistes d’amélioration restent ouvertes. Après tout, 50% de la consommation se fait sur seulement 7% de la surface !

Occupation de la tour, @Le Moniteur

Il n’en est pas de même partout. En effet, l’ADEME a récemment publié une étude réalisée par Icade en partenariat avec CSTB sur les performances réelles des trois premiers immeubles HQE tertiaires : Le 270 à Aubervilliers, Le Millénaire à Paris et le bâtiment d’accueil de l’INERIS à Verneuil-en-Halatte (source Batiactu) mettant l’accent sur la faiblesse des gains obtenus. Là encore on observe un dépassement des consommations prévisionelles et un manque de conciliation entre les objectifs énergétiques et les activités présentent. D’avantages considérés comme  des vitrines « High Tech », au moins deux des trois immeubles n’ont tout simplement vu personne prendre le temps d’expliquer à leurs occupants le caractère HQE de leur lieu de travail et les implications que cela entraine. Serveurs et parcs informatiques furent encore de la partie pour alourdir la facture, faute à des pratiques adaptées.

Entre recherche d’économie et chasse aux dépenses, à quand un retour du travail sur papier ? … recyclé bien sur !
La balle est dans le camp des utilisateurs.